Lubrizol: 3 semaines après l'incendie, la colère et l'inquiétude des Rouennais ne retombent pas

Entre 700 et 800 personnes, selon les organisateurs, ont participé jeudi soir à Rouen à une réunion publique au cours de laquelle elles ont exprimé leur inquiétude persistante, trois semaines après l'incendie de l'usine Lubrizol.
"Comment on a pu en arriver là?"
L'événement était organisé par des membres de la société civile (syndicats, associations, etc...) afin de tenter de trouver des solutions face à la grande inquiétude des habitants.
"J'aimerais en savoir plus sur ce qu'il s'est passé. Comment on a pu en arriver là? S'il peut y avoir des conséquences pour ma santé?", s'interroge une habitante sur notre antenne.
"Le jour même de l'accident, des écoles sont restées ouvertes. Tout le monde s'est retrouvé à gérer un peu comme il le pouvait. Des mômes de 2, 3 ans ont été exposés et l'institution ne les protège pas", s'est insurgé un enseignant.
Préparer l'après
Des agriculteurs ont fait part de leur préoccupation pour l'avenir, se demandant comment supprimer ces risques chimiques.
"C'est le grand flou. On ne sait pas ce que cela va donner par la suite pour nos productions. C'est le flou complet sur les indemnisations. (...) Il est temps de se bouger. Il faut que demain ces industries n'existent plus", estime Quentin, un agriculteur.
Pour les associations, l'urgence est aussi de préparer l'après Lubrizol.
"Les vrais problèmes de santé sont devant nous. On a bien vu les premiers résultats des bilans hépatiques des pompiers. On commence à avoir des patients qui ont du mal à respirer alors qu'ils n'avaient pas de problèmes d'asthme auparavant", nous explique Frank Prehouet, médecin généraliste et membre du syndicat des médecins.
À défaut d'obtenir des réponses claires des autorités, les habitants procèdent eux-même à des analyses.
"Nous mettons en oeuvre notre propre procédure d'enquête, avec des protocoles et des prélèvements que l'on pourra présenter aux pouvoirs publics pour essayer de faire en sorte qu'une vérité émerge", indique à BFMTV Guillaume Blavette, administrateur de France Nature Environnement.
Permis de polluer
Selon un syndicaliste FO, "le permis de polluer" a été délivré par "le gouvernement Macron et les autres qui ont organisé la déréglementation".
Pour l'avocate Sandra Molinero, "un des moyens de se défendre, c'est de saisir la justice. Il faut garder des traces, des preuves, c'est un combat à long terme". "Le procè"s, a-t-elle estimé, "n'aura pas lieu avant dix, quinze ans".
"La bonne question à poser, c'est celle de la fermeture de Lubrizol", a résumé un participant.