Loyers impayés : un couple privé d’eau courante... et de leur bébé

Le couple doit 6400 euros au propriétaire, qui leur a coupé l'eau. - -
Privés d'eau courante, ils risquent de se voir retirer leur bébé. En juillet, un couple de Melun, en Seine-et-Marne, s'est vu couper l’eau par le bailleur après plusieurs mois d’impayés. Depuis bientôt un mois, ils vivent sans eau alors que leur bébé, né prématurément le 22 juillet, est encore à la maternité. Faute de conditions d'hygiène décentes, le couple ne peut pas le récupérer dans son studio de 16 m2 et doit toujours 6 400 euros d'arriérés pour un loyer mensuel de 470 euros. Les autorités municipales disent faire le nécessaire pour les aider. « On a fait ce qu'on devait faire : c'est-à-dire indiquer au propriétaire qu'il est hors-la-loi. On a reçu le couple en lui fournissant des bons d'achats pour qu'il puisse avoir de l'eau potable », a rétorqué le député-maire UMP de Melun Gérard Millet. En attendant, il ne leur reste plus qu'une semaine pour trouver une solution, sinon, leur enfant sera placé.
« Ils envisageront le placement de Noé »
« Je suis extrêmement en colère, quand on est une mère, et qu’on ne peut pas l’avoir contre soi, ça brise énormément le cœur. On ne nous le rendra pas tant que les services sociaux ne seront pas passés pour vérifier l’état de l’appartement, qu’il y a bien l’eau, qu’il est décent », témoigne Sylvie, la maman, invitée ce lundi matin sur RMC. « Jeudi, nous avons rencontré l’assistante sociale de l’hôpital au moment où la pédiatre devait faire le point sur la sortie de l’enfant. L’assistante sociale nous a donné rendez-vous le 12 août dans un nouveau logement, quel qu’il soit, et les services sociaux viendront le visiter pour s’assurer que Noé a bien sa propre chambre, que le logement est décent, que tout est selon eux prêt. Seulement après, ils pourront envisager qu’on le récupère. Si on ne trouve pas de logement à cette date, ils envisageront le placement de Noé par les services de la DDASS ».
« 1 100 euros de paye par mois »
Le couple reconnaît ses soucis financiers mais avoue ne pas savoir comment faire. « Je travaille, j’ai 1 100 euros de paye par mois. Quand on est arrivés ici, on était à moitié à la rue », raconte le père. « J’ai eu beaucoup de malchance, je suis tombée sur plusieurs employeurs qui ne m’ont pas payée alors que j’avais avancé des frais. Et pour envoyer son patron aux Prud’hommes, il faut régler 35 euros de justice ! », ajoute Sylvie.
En attendant, son dossier pour un logement social est toujours en attente à Melun. « Nous avons rencontré le maire entre deux portes, qui nous a menés à son directeur de cabinet, qui a essayé de passer de nombreux coups de fil. Il a dit qu’il ne pouvait rien faire de plus. J’ai dû les obliger à faire un constat d’indécence, parce qu’il y a des champignons qui poussent sur le mur, qu’on n’a plus d’eau », raconte la jeune maman.
« Une brutalité sociale absolument inacceptable »
« Le compte à rebours continue. Dans cette affaire, on marche sur la tête, on ne peut pas couper l’eau à quelqu’un sous prétexte que le loyer n’est pas payé, c’est illégal », s’emporte Jean-Baptiste Eyraud, le fondateur de Droit au logement qui dénonce une double peine. « D’autre part, la municipalité reste relativement inactive dans ce dossier. La seule faute qu’on puisse reprocher aux parents, c’est d’être pauvres. Ça constituerait une brutalité sociale absolument inacceptable ».
« C’est dégueulasse »
La dernière solution pourrait venir de l’Association familiale laïque qui a déposé d’autres demandes de logements sociaux. Isabelle Voltaire, membre du Conseil départemental des Associations familiales laïques, est scandalisée. « Je n’ai jamais vu ça : priver d’eau quelqu’un, surtout avec la température qu’il fait, c’est une honte. Même une personne seule aurait du mal à vivre dans un appartement aussi scandaleusement petit et mal équipé. C’est dégueulasse, c’est vraiment se moquer du monde. Ça mériterait qu’on porte plainte et nous sommes en train de voir dans quelle mesure nous pourrions porter plainte contre le propriétaire ou le gestionnaire qui a coupé l’eau ».