Loyers, électricité, gaz : les factures impayées explosent

Le nombre de personnes en procédure de rétablissement personnel, sorte de faillite civile, est passé de 28 000 à 48 000 entre 2009 et 2011. - -
Selon les derniers chiffres de l'Union sociale de l'habitat, qui regroupe les principaux organismes HLM, le nombre de personnes en procédure de rétablissement personnel, sorte de faillite civile, est passé de 28 000 à 48 000 entre 2009 et 2011. Par conséquent, les dettes augmentent et les impayés s’accumulent. D'après un bilan récent de l'Union nationale des centres communaux d'action sociale, les problèmes pour payer le loyer ou les factures d'énergie sont désormais la première raison de nouvelles demandes d'aides adressées aux centres communaux d'action sociales. 42% des Français affirment qu'ils ont restreint leur chauffage au cours de l'hiver 2011 pour limiter leurs factures, selon les chiffres du Médiateur national de l'énergie.
« On ne m’a pas proposé de solution »
Parmi ces Français touchés par ces problèmes, RMC a rencontré Cédric, 36 ans. Avant, il travaillait dans la grande distribution. En quelques mois, il a tout perdu et multiplié les impayés. Tout a commencé il y a un an, explique-t-il : « J’ai perdu mon emploi. J’avais des revenus conséquents et je suis passé à 1 000 euro par mois. Les dettes ont commencé rapidement, que ce soit des loyers impayés ou des factures d’électricité. On ne m’a quasiment pas proposé de solution si ce n’est un paiement en trois fois. Ils savent qu’on ne peut pas le faire. C’est un rouleau compresseur qui, quand il s’est mis en marche contre vous, ne s’arrête plus ». Expulsé il y a trois semaines, Cédric n’en n’a pourtant pas fini avec ses dettes. « Je dois encore payer pendant 4 ou 5 mois des dettes d’électricité et pourtant c’est pour un logement dans lequel je n’habite plus puisque j’en ai été expulsé. Ça veut dire qu’en fait il vaut mieux partir, changer d’adresse, que de pouvoir assumer ses dettes car c’est trop dur ».
Aujourd'hui, Cédric vit à l'hôtel, il a beaucoup de mal à retrouver un travail parce qu'il n'a plus de logement, et le problème, conclut-il, c'est que « sans travail, je ne retrouverai jamais d'appartement ».
« Il y a deux mois un postier s’est suicidé car on venait l’expulser »
L’explosion des impayés inquiète particulièrement Jean-Louis Kiehl, président de la Fédération Crésus, un réseau associatif qui aide les ménages surendettés. Selon lui, cette situation arrive à des personnes « qui font le mauvais choix. Elles arrêtent de payer le loyer, le gaz ou l’électricité et continuent à rembourser leur crédit. Ça conduit à une spirale infernale. Il y a deux mois un postier s’est jeté par la fenêtre car on venait l’expulser alors qu’il continuait de rembourser son crédit, mais il avait arrêté de payer son loyer depuis un an. Je lance un cri d’urgence, il faut être plus actif vis-à-vis de cette détresse qui monte en puissance en France ».