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"Logement contre moments complices": les annonces pour proposer une chambre contre des faveurs sexuelles se multiplient

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Des annonces immobilières proposent une chambre ou un appartement à des jeunes femmes précaires contre des relations sexuelles. Une pratique complètement interdite par la loi.

Logement contre "temps partagé". Les annonces proposant de façon plus ou moins explicite un appartement ou une chambre contre des rétributions sexuelles se multiplient sur Internet. Ces propositions illégales ciblent les jeunes femmes précaires et profitent de la pénurie de logements et de l'explosion du prix des loyers dans certaines grandes villes.

"Logement T3 proximité fac. En contrepartie de massages ou moments complices. Modalités en message privé", propose par exemple une petite annonce.

"Colocation gratuite contre service", indique une autre. "Homme 35 ans 1m77 (...) met à disposition (...) chambre dans T3 meublé. Échange contre temps partagé", suggère encore une autre annonce immobilière.

Contacté, un propriétaire confirme son offre

Notre équipe de BFMTV a contacté l'auteur d'une offre située dans la région toulousaine. Par téléphone, l'une de nos journalistes se fait passer pour une étudiante intéressée par sa proposition et lui demande quelles contreparties lui seraient demandées en échange du logement.

"Certaines personnes que j'ai hébergées sont allées jusqu'au sexe", assure le propriétaire. "Donc si ça vous va, ça m'irait aussi", dit-il.

Questionné sur la fréquence de ces rapports, il répond: "si possible quand j'en aurai envie. Après, je sais qu'il faut pas abuser".

"Une forme d'impunité"

Selon Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation pour le logement, ces annonces immobilières pullulent en raison de la crise immobilière.

"Quand vous avez absolument besoin d'un logement, il y a des personnes qui en profitent", dit-il à BFMTV.

D'autant que les propriétaires de logements ont conscience d'être dans une situation avantageuse. "(Ils) savent qu'il y a une forme d'impunité qui les protège. Cette impunité, c'est lié au fait que les personnes vulnérables parfois ne sont pas en règle du point de vue administratif, parfois ont peur de la justice, de la police ou ne connaissent pas leurs droits", développe Manuel Domergue.

Jusqu'à 7 ans de prison encourus

Ces pratiques sont pourtant formellement interdites par la loi. "Ce sont des faits qui sont très graves", rappelle Me Xavier Demeuzoy, avocat en droit immobilier

"Le fait de louer son logement contre des faveurs sexuelles expose la personne qui le fait à un risque pénal puisque ça relève de plusieurs qualifications, notamment à l'abus de faiblesse, au chantage sexuel, au harcèlement sexuel, voire à des faits de proxénétisme", explique l'avocat.

Proposer un logement contre des relations sexuelles peut entraîner une condamnation allant jusqu'à 7 ans de prison et 375.000 euros d'amende.

David Unal, Margaux Saive, avec Juliette Desmonceaux