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Société

Libertés et droits humains: la France "très loin" d'être exemplaire, dénonce Amnesty International

Une manifestation d'Amnesty International, en septembre 2015 (PHOTO D'ILLUSTRATION)

Une manifestation d'Amnesty International, en septembre 2015 (PHOTO D'ILLUSTRATION) - GUILLEMETTE VILLEMIN / AFP

L'ONG critique dans un rapport la politique d'accueil des migrants selon leur nationalité, ainsi que des lois "qui restreignent la liberté d'expression, d'association et de réunion."

La France est "très loin de l'exemplarité qu'on pourrait attendre d'elle" en matière de respect des libertés publiques et des droits humains, dénonce Amnesty International dans son rapport 2021 publié ce mardi, critiquant notamment une politique d'accueil des migrants différente selon qu'ils soient Ukrainiens ou d'autres nationalités.

"Ce qu'on a vu depuis quelques semaines tranche singulièrement avec la manière dont, l'année dernière, les pouvoirs publics ont parlé de l'accueil des Afghans" fuyant leur pays après la reprise du pouvoir des talibans mi-août, a souligné Nathalie Godard, directrice de l'Action à Amnesty International France.

"L'État a mis sur pied un schéma d'accueil et d'hébergement proposant "au moins 100.000 places", selon Jean Castex, pour les réfugiés fuyant la guerre en Ukraine.

Un "deux poids, deux mesures"

Mais le 16 août, dans son intervention sur l'Afghanistan, Emmanuel Macron avait appelé à "anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants", grince Amnesty International.

Nathalie Godard souligne aussi que la protection temporaire accordée par les ministres européens de l'UE aux réfugiés d'Ukraine avait "aussi été demandée pour les Afghans, sans succès".

"C'est une illustration du 'deux poids, deux mesures' aujourd'hui très dénoncé" a-t-elle ajouté.

La protection temporaire permettra aux réfugiés ukrainiens de séjourner jusqu'à trois ans dans l'Union européenne, d'y travailler, d'accéder au système scolaire et d'y recevoir des soins médicaux.

Amnesty International stigmatise également les "traitements dégradants" subis par les exilés, notamment à Calais. "La police et les autorités locales ont limité leur accès à l'aide humanitaire et les ont soumis à des manoeuvres de harcèlement", dénonce l'ONG.

"Des lois qui restreignent la liberté d'expression"

Dans son rapport annuel, Amnesty International estime également que la France "fait partie" des 67 pays au monde qui ont "adopté en 2021 des lois qui restreignent la liberté d'expression, d'association et de réunion".

L'ONG cite la promulgation fin juillet 2021 de la loi sur la prévention du terrorisme, qui entérine notamment les mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (Micas).

La loi sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure du 24 janvier 2022, autorisant les captations d'images de manifestations par les drones, constitue elle, selon Amnesty, "un pas de plus vers la surveillance de masse".

Enfin, la loi dite "séparatismes" du 24 août "risque d'ouvrir la voie à des pratiques discriminatoires" sous couvert de lutte contre l'islamisme radical, estime l'organisation.

Par A.G avec AFP