BFMTV
Société

Les vols de cuivre sur les voies ferrées explosent

Les vols de cuivre sur les voies ferrées en France sont désormais la première cause des retards, devant les suicides...

Les vols de cuivre sur les voies ferrées en France sont désormais la première cause des retards, devant les suicides... - -

Une trentaine de train perturbés ou annulés ce mardi matin entre Aubagne et Marseille, en raison d’un vol de cuivre survenu dans la nuit. Ces derniers mois, le nombre de vols de cuivre sur les voies ferrées est en très nette augmentation. Explications et conséquences, chiffres à l’appui.

En France, le nombre de vols de cuivre sur les voies ferrées a triplé en 2 ans. On en compte une quarantaine par semaine sur le territoire. Le record est pour la région Paca, où l'on en déplore déjà une centaine depuis début 2011. Une hausse qui s'explique par l'augmentation du prix du cuivre, son cours ayant pris 33% en un an. Conséquences : les trains sont en retard et les voyageurs, furieux.

3 200 vols, 5 800 heures de retard des trains, 30 millions d'euros de réparations…

En 2010, il y en a eu au total 3 200 vols de cuivre en France et ils ont coûté 30 millions d'euros à la SNCF et à Réseau ferré de France. Ces vols ont provoqué plus de 5 800 heures de retard dans la circulation des trains et sont désormais la première cause des retards, devant les suicides.
Pourtant, en mars, l'État avait annoncé un plan d'urgence de 40 millions d'euros sur 18 mois pour tenter d'enrayer les vols de câbles. Quatre mois plus tard, les vols n'ont pas diminué et les voleurs, la plupart organisés en bandes, n'hésitent pas à couper des mètres de câbles de jour comme de nuit.

« Les câbles servent avant tout au bon fonctionnement de la circulation »

Olivier Monod, directeur des TER pour la région PACA explique les conséquences sur les trains en cas de vol de cuivre : « Les câbles servent avant tout au bon fonctionnement de la circulation, ils sont enterrés au sol, sauf pour les systèmes un peu plus anciens. Sur ce type d’installation, les câbles courent dans des canalisations un peu trop accessibles à tous. C’est pourquoi, lorsqu’on coupe la continuité électrique de ces câbles, les feux passent automatiquement au rouge et ne se remettent jamais au vert. C’est le système de sécurité qui veut cela ».

« Des caméras ultra perfectionnées détectent les voleurs à des kilomètres »

Pour lutter contre ce trafic de métaux croissant, les parlementaires ont récemment durci les conditions de rachat par les ferrailleurs. Les acheteurs devront payer par chèque et déclarer leurs transactions au Fisc. Mais la réforme ne prendra effet que le 30 juin 2012.
En attendant, des mesures sont appliquées pour lutter contre ces vols, explique Olivier Monod : « La première mesure, c’est la protection : on va mettre des barrières de sécurité afin d’éviter d’accéder aux entreprises ferroviaires même s’il reste encore des points d’accès comme les passages à niveaux. La seconde, c’est la surveillance : notre police ferroviaire fait des rondes la nuit pour essayer d’attraper des voleurs. Ce sont souvent des bandes organisées et nous avons signé un accord avec la gendarmerie afin de faire des rondes plus importantes, avec par exemple des vols en hélicoptères munis de caméras ultra perfectionnées permettant de détecter les voleurs à plusieurs kilomètres de distance ».

« Des millions d’euros de réparations… »

De son côté, Réseau ferré de France (RFF) a mis en place un programme de sécurisation nationale de 40 millions d’euros, incluant notamment le marquage du cuivre afin qu'il puisse être ensuite retracé dans les filières de revente. Car, comme l'explique Marc Swetchine, le directeur régional de RFF en région PACA, « ces vols nous coûtent très cher » : « La tonne de cuivre est à 7000 euros, soit 7 euros le kilo. On pense qu'il est revendu à des ferrailleurs, fondu puis réutilisé. Ça nous coûte très cher : cette année, rien qu’en Provence, les réparations sont estimées à 2 millions d’euros. Une somme que l’on préférerait investir dans l’amélioration des quais plutôt que dans la réparation des vols ».

La Rédaction, avec L. Dian et I. du Jonchay