Les victimes du Mediator saluent le fonds d'indemnisation

le docteur Dominique-Michel Courtois, président de l'Association des victimes de l'isoméride et du Mediator. L'Avim a salué la création par l'Etat d'un fonds d'indemnisation mais a déploré l'échec des négociations avec les laboratoires Servier. /Photo pri - -
BORDEAUX (Reuters) - L'Association des victimes de l'isoméride et du Mediator (Avim) a salué jeudi la création par l'Etat d'un fonds d'indemnisation mais a déploré l'échec des négociations avec les laboratoires Servier.
L'Etat va créer lui-même un fonds d'indemnisation des victimes pour pallier un éventuel refus des laboratoires Servier mais il entend bien se retourner contre ce dernier pour se faire rembourser, a annoncé mercredi le ministère de la Santé.
Servier, deuxième laboratoire pharmaceutique français, a jusqu'à présent refusé d'assumer seul l'indemnisation inconditionnelle des victimes du Mediator, un médicament qui aurait tué entre 500 et 2.000 personnes.
"Je suis pleinement satisfait et en même temps triste", a déclaré jeudi à Reuters le docteur Dominique-Michel Courtois, président de l'Avim..
"Pleinement satisfait parce que c'est une bonne nouvelle pour les victimes qui vont pouvoir être indemnisées. Je suis triste que les négociations avec le laboratoire Servier aient échoué car ç'aurait été la première fois qu'un laboratoire pharmaceutique aurait proposé la prise en charge de l'indemnisation des victimes", a-t-il ajouté.
L'Avim, qui a déjà déposé 616 plaintes pour homicides et blessures involontaires au nom de victimes du Mediator, avait demandé depuis le début que Servier prenne en charge l'indemnisation des victimes.
Servier a annoncé la création d'un fonds doté initialement de 20 millions d'euros et ouvert à tous les patients ayant pris du Mediator à condition qu'ils renoncent à toute poursuite judiciaire contre le laboratoire. Cette proposition a suscité un tollé tant du côté des victimes que de l'Assurance maladie.
Selon un rapport remis à la mi-janvier par l'Inspection des Affaires sociales (Igas), Servier a commercialisé pendant plus de trente ans le Mediator en France comme un antidiabétique alors qu'il s'agissait d'un puissant coupe-faim dont il connaissait la dangerosité.
On estime que cinq millions de Français ont pris du Mediator entre 1976 et 2009, date de son retrait du marché. Selon deux études, il a fait entre 500 et 2.000 morts.
L'objectif de la création d'un fonds par l'Etat "est bien une indemnisation légitime des victimes du Médiator", explique le ministère de la Santé. "Mais il n'est pas question que la solidarité nationale paie à la place du premier responsable, les Laboratoires Servier."
Claude Canellas, édité par Patrick Vignal