Les thons rouges de Méditerranée sous surveillance périgourdine

Jusqu'au 27 novembre se tient à Paris la 17e réunion extraordinaire de la Commission internationale des thonidés de l'Atlantique (Iccat) qui englobe la Méditerranée. Les 48 pays membres devront établir les quotas de pêche pour 2011 de cette espèce menacée - -
par Claude Canellas
PERIGUEUX, Dordogne (Reuters) - Périgord Travail Aérien (PTA), petite entreprise aéronautique de Périgueux (Dordogne), a participé de mai à septembre aux observations et au comptage des thons rouges en Méditerranée.
Cette base de données servira à établir les quotas de pêche pour 2011 de cette espèce menacée d'extinction et dont le stock a baissé de 75% en un demi-siècle.
Jusqu'au 27 novembre se tient à Paris la 17e réunion extraordinaire de la Commission internationale des thonidés de l'Atlantique (Iccat) qui englobe la Méditerranée où les 48 pays membres devront délimiter les autorisations de prélèvements.
Les ONG, dont Greenpeace et le WWF, veulent peser sur ces négociations afin de réduire la pêche des thons rouges.
Jean-Claude Rigal, créateur de PTA en 1998 sur le site de l'aéroport de Périgueux-Bassillac, pratique l'observation des poissons depuis déjà de nombreuses années, notamment les thonidés pour le compte de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) depuis 2003, ce qui lui a valu d'être choisi par l'Iccat avec deux autres opérateurs espagnol et italien.
"Grâce à cette expérience, nous avons été chargés de constituer deux équipes opérationnelles et une en réserve avec un pilote, un scientifique spécialisé et un observateur expérimenté dans la pêche", précise le fondateur de PTA qui a mis à disposition ses avions Cessna 337, des bimoteurs à six places qui ont une autonomie en vol de huit heures.
Lors de chaque mission, le tracé du vol, les quantités observées et toutes les données scientifiques ont été stockées sur ordinateur. De nombreuses photos ont été prises. Au total, ce sont 140 heures de vol, à partir de Malte et de Chypre, qui ont été nécessaires, non sans difficultés.
COUP D'ESSAI
"La Lybie a refusé au dernier moment les autorisations de survol de sa zone alors que c'est une des plus poissonneuses. On a eu aussi des problèmes avec la Turquie mais Ankara a finalement accepté grâce au travail de la diplomatie française et en Israël il n'a pas été possible de survoler la zone qui était sous embargo. Enfin, en Egypte, on nous a refusé les vols à basse altitude", raconte Jean-Claude Rigal.
Pour PTA, cette première expérience se veut un coup d'essai et Jean-Claude Rigal espère être à nouveau choisi l'année prochaine par l'Iccat.
"Nous sommes les seuls en France à faire ça. En plus, pour nous, c'est un bol d'oxygène. Nous avons failli tirer le rideau en 2006 avec l'arrivée des quotas, alors que notre activité principale était l'observation et le repérage des bancs de poissons pour les pêcheurs privés", poursuit le chef d'entreprise.
"C'est un peu le chasseur qui devient garde-chasse", plaisante-t-il.
Avec ses six Cessna 337 et un hélicoptère, PTA qui, selon les missions, passe de deux jusqu'à dix salariés, pratique aussi la surveillance des forêts pour la prévention des incendies, la photographie aérienne, la surveillance d'oléoducs et, pour le ministère de l'Intérieur, la surveillance des eaux territoriales de Mayotte.
Outre l'Iccat, le prochain grand projet, ce sera à Tahiti.
"Il s'agirait de compter les mammifères marins. Nous avons répondu à l'appel d'offres et nous sommes optimistes", confie Jean-Claude Rigal.
Edité par Patrick Vignal