Les salaires des patrons en baisse, à 190 smic en moyenne

Avec 7,6 millions d’euros par an, Bernard Arnault, de LVMH, est le 3e patron le mieux payé de France, derrière Carlos Ghosn (Renault-Nissan, plus de 9 millions) et Chris Viehbacher (Sanofi-Aventis, 8,3 millions). - -
Les cinq patrons les mieux payés sont dans l'ordre Carlos Ghosn, de Renault-Nissan, avec plus de neuf millions d'euros par an, Chris Viehbacher (Sanofi-Aventis) avec 8,3 millions, Bernard Arnault, de LVMH, avec 7,6 millions, Franck Riboud (Danone) avec 5,8 millions et Henri de Castries, pour Axa, avec 5,6 millions.
Les patrons français avaient réduit leurs rémunérations de 25% en 2008, lorsque la crise financière avait placé au centre du débat politique les inégalités de rémunérations.
En 2009, les patrons exécutifs du CAC 40 ont donc perçu un total moyen de 3,1 millions d'euros contre 3,6 en 2008 et 4,7 en 2007. Ce chiffre de 3,1 millions d'euros représente toujours 190 fois le salaire minimum (smic) et cinq fois le montant perçu par un patron de petite société cotée, note l'étude de Proxinvest.
Les salaires proprement dits augmentent en moyenne de 5% pour les patrons, mais ils voient baisser de 46% en moyenne les attributions d'options et d'actions gratuites, une pratique très critiquée et sur laquelle les sociétés ont mis la pédale douce.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a déclaré que 21 sociétés sur les 56 disposant d'une politique d'attribution d'options ou d'actions n'ont procédé à aucune attribution à leurs dirigeants au titre de l'exercice 2009.
CRITÈRES FLOUS
"La crise semble avoir eu raison de nombreux abus comme de leurs critiques les plus virulents, mais les actionnaires des sociétés françaises restent vigilants comme le démontrent les statistiques 2010 de vote aux assemblées générales", estime Proxinvest dans le commentaire de son étude.
Cependant, dit le cabinet, ces éléments variables de rémunération restent importants et attribués sur des critères flous. "Trop souvent les critères ne sont aucunement communiqués ou ne le sont que partiellement", dit l'étude.
Proxinvest relève deux dossiers qui démontrent à ses yeux que le problème des abus n'est pas résolu: l'attribution de retraites-chapeau payées par les sociétés en plus du régime général et de 'parachutes dorés' élevés aux ex-dirigeants de la Société générale victimes du scandale lié à la perte record du trader Jérôme Kerviel, et le cas de Carlos Ghosn.
Renault a fait connaître tardivement que le salaire de son PDG, assez modéré à 1,2 million d'euros pour ce niveau de direction, était complété par plus de huit millions d'euros de rémunérations complémentaires liées aux titres.
Proxinvest relève par ailleurs que les sociétés du CAC 40 payent aussi très bien les présidents non exécutifs, qui ne dirigent pas les entreprises. Les rémunérations sont dans ces postes parmi les plus élevées en Europe avec 928.000 euros en moyenne, quatre fois plus qu'en Allemagne et aux Pays-Bas.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse