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Les migrants évacués de Calais rejoignent d'autres ports

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Depuis quelques semaines et le début du démantèlement de la "jungle" de Calais, les migrants tentent de trouver d'autres passages vers l'Angleterre. À Ouistreham, dans le Calvados, autorités et habitants les voient arriver avec inquiétude.

Alors que la justice a validé jeudi l'arrêté d'expulsion de la partie sud de la "jungle" de Calais, l'évacuation doit commencer sous peu. Mais certains migrants n'ont pas attendu d'en arriver là et ont volontairement quitté le camp, en direction d'autres ports reliant la France à l'Angleterre.

Maysan est l'un d'eux. Cet Iranien de 26 ans a quitté Calais il y a un mois, pour rejoindre le Calvados.

"Il y avait beaucoup de problèmes", explique Maysan. "Puis ils ont détruit une partie de la 'jungle'. Bientôt, ils vont détruire la partie sud, où j'habitais. Alors quelques amis et moi avons décidé de venir jusqu'ici."

À Caen, un centre d'accueil de jour permet aux réfugiés de se reposer, de recharger leurs téléphones portables ou de prendre une douche. Irakiens, Syriens ou Iraniens, tous ou presque sont passés par la "jungle" de Calais. Mais ils n'ont pas l'intention de rester en France. Ce qu'ils veulent, c'est rallier la Grande-Bretagne.

"Effet Calais"

Depuis le mois de janvier, une centaine d'entre eux tentent ainsi chaque jour de s'introduire sur le port de Ouistreham, à une vingtaine de kilomètres de Caen. Là, ils essaient de se cacher dans un des camions stationnés sur le parking, avant leur embarquement dans les ferrys.

Le phénomène inquiète de plus en plus les commerçants de la petite station balnéaire, qui craignent un effet similaire à celui survenu à Calais.

"Si on doit nous reprendre les problèmes de Calais, on risque de voir fuir notre clientèle saisonnière, et donc ça mettrait en péril nos entreprises", prévient Christian Seuret, restaurateur.

Le maire Les Républicains de Ouistreham, Romain Bail, a rapidement pris conscience de ces risques, qu'il tente aujourd'hui d'éviter. Il a ainsi passé un accord avec les associations caritatives et la paroisse afin de limiter les distributions de nourriture.

"Le but est évidemment qu'il n'y ait pas un engrenage, tant dans l'installation d'un campement que dans l'aide, qui se fasse à Ouistreham", se justifie l'élu. "Et parallèlement sans doute l'incapacité pour nous de devoir et pouvoir gérer demain cet afflux. Il est donc important que chacun prenne ses responsabilités dans ce sens."

Effectifs de gendarmes doublés

Si la situation est inédite pour Ouistreham, elle n'influe en tout cas pas sur le quotidien de ses habitants. Tout juste côtoient-ils les migrants quand ceux-ci se réfugient dans les centres commerciaux "pour se réchauffer ou recharger leurs téléphones", explique un habitant à BFMTV.

"La seule chose qui change c'est qu'on voit beaucoup plus de contrôles de gendarmerie autour du ferry, qu'il n'y avait pas avant", reconnaît tout de même Laëtitia. Les effectifs de gendarmes ont été presque doublés pour empêcher les intrusions sur le port. Des mesures qui n'entament pas la détermination des réfugiés. Ceux-ci sont désormais prêts à emprunter d'autres accès, non surveillés, mais plus dangereux.

Outre Ouistreham, les réfugiés tentent également depuis un certain temps la traversée depuis Dieppe et Cherbourg. Plus de 400 kilomètres au sud-ouest de Calais.

H. M. avec Sophie Hébrard, Régis Desconclois et Renaud Parquet