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Le remaniement provoque un malaise dans la majorité

La nomination par Nicolas Sarkozy d'un gouvernement recentré autour du noyau gaulliste de l'UMP a provoqué un malaise dans le reste de la majorité à moins de 18 mois de l'élection présidentielle. /Photo prise le 21 octobre 2010/REUTERS/Philippe Wojazer

La nomination par Nicolas Sarkozy d'un gouvernement recentré autour du noyau gaulliste de l'UMP a provoqué un malaise dans le reste de la majorité à moins de 18 mois de l'élection présidentielle. /Photo prise le 21 octobre 2010/REUTERS/Philippe Wojazer - -

par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - La nomination dimanche par Nicolas Sarkozy d'un gouvernement recentré autour du noyau gaulliste de l'UMP a...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - La nomination dimanche par Nicolas Sarkozy d'un gouvernement recentré autour du noyau gaulliste de l'UMP a provoqué un malaise dans le reste de la majorité à moins de 18 mois de l'élection présidentielle.

Le point de presse hebdomadaire du porte-parole de l'UMP Dominique Paillé en a été lundi une illustration parlante, tant ce centriste venu du Parti radical a paru contraint à un grand écart entre ses convictions et ses fonctions.

"Nous avons un gouvernement équilibré prêt pour l'action", a-t-il dit sous sa casquette officielle.

Dimanche soir, il se montrait pourtant inquiet des conséquences du départ du gouvernement du ministre de l'Ecologie démissionnaire et président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, et de l'arrivée à la tête de l'UMP de Jean-François Copé.

"Je dis simplement attention : le départ de Jean-Louis Borloo peut provoquer un déséquilibre au sein du gouvernement", déclarait-il à France Inter. "Les centristes doivent y être justement représentés."

Quant à l'arrivée à la tête du parti du président Nicolas Sarkozy du patron des députés UMP, elle a aussi une "connotation ex-RPR" - l'ancêtre gaulliste de l'UMP - "qu'il faudra, dans le fonctionnement et dans l'attribution des places dirigeantes au sein de la structure, évidemment équilibrer", ajoutait-il.

Les principaux dirigeants centristes ont manifesté dès dimanche leur frustration, parfois avant même que la composition du nouveau gouvernement soit officialisée.

Jean-Louis Borloo, dépité de ne pas avoir été préféré à François Fillon pour Matignon, a ainsi annoncé qu'il reprenait sa liberté aux services de valeurs et d'une sensibilité sociale qu'il contestait implicitement au Premier ministre.

"MARQUAGE À DROITE"

L'ex-ministre de l'Ecologie, qui devait réunir lundi soir ses amis centristes, s'est carrément lâché dans une interview accordée au Monde, dans laquelle il affirme que François Fillon a été "presque toujours (son) principal opposant" pendant les trois années passées dans son gouvernement.

L'ex-secrétaire d'Etat aux technologies vertes, Valérie Létard, proche de Jean-Louis Borloo, a pour sa part estimé que le maintien du Parti radical au sein de l'UMP faisait partie "des questions qui se posent".

Le ministre de la Défense démissionnaire et président du Nouveau centre, Hervé Morin, a dénoncé dans le gouvernement une "équipe de campagne électorale proche du RPR".

Il affirme payer sa volonté de voir les centristes présenter un candidat à l'élection présidentielle de 2012, alors que Nicolas Sarkozy souhaite un candidat unique de la droite et du centre droit dès le premier tour - lui-même.

Hervé Morin a annoncé son intention de fédérer les centristes, un créneau sur lequel il est en concurrence avec Jean-Louis Borloo.

Les centristes ne sont cependant pas les seuls à laisser éclater leur frustration, ce qui pourrait affaiblir la cohésion de la majorité.

"De toute évidence, le marquage à droite du nouveau gouvernement est le fait politique majeur du remaniement", a ainsi estimé Jean-Marie Bockel, ex-secrétaire d'Etat à la Justice venu du Parti socialiste - un des symboles d'ouverture à gauche du gouvernement Fillon première manière.

Pour le président de la "Gauche moderne", la dynamique de l'ouverture a laissé la place "au repli sur un seul des courants historiques de la majorité".

A l'autre extrémité de l'éventail des sensibilités au sein de la majorité présidentielle, le Parti chrétien démocrate de Christine Boutin s'est pour sa part dit "stupéfait" par la composition du nouveau gouvernement.

Edité par Yves Clarisse