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Le recteur de la Grande mosquée de Paris explique pourquoi il n'a pas participé à la marche contre l'antisémitisme

Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz, le 13 novembre 2023 à l'Élysée

Le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz, le 13 novembre 2023 à l'Élysée - LUDOVIC MARIN / AFP

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a expliqué dans un entretien au Parisien son absence lors de la marche contre l'antisémitisme.

Son absence a été très commentée. Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, a expliqué dans un entretien au Parisien sa décision de ne pas participer à la marche contre l'antisémitisme, le 12 novembre.

"Je savais qu'il y aurait aussi dans cette marche des personnalités qui passent leur temps à insulter les musulmans à la télévision, à répéter que l’islam est 'incompatible' avec la République", a-t-il argumenté, sans toutefois nommer le Rassemblement national dont la présence a fait débat.

Selon le responsable religieux, "il aurait été pertinent de faire une marche contre l’antisémitisme et le racisme. Cela aurait suffi pour qu’on marche". Il estime ne pas avoir été "exclu, mais on ne nous a pas inclus non plus".

Pas d'"antisémitisme musulman"

"Je trouve facile de donner quitus à des politiques qui ont fait de l'antisémitisme leur ADN. Aujourd'hui on leur pardonne tout, simplement parce qu'ils ont marché", a-t-il également regretté.

Alors que les actes antisémites ont flambé depuis le 7 octobre (plus de 1.500 enregistrés), Chems-eddine Hafiz a rejeté tout "antisémitisme musulman", un "concept devenu un slogan politique" selon lui.

"Que quelqu'un qui a un prénom musulman commette un acte antisémite, il ne faut pas en déduire que c'est au nom de la religion", a-t-il ajouté, jugeant "anormal qu'un musulman soit antisémite".

Appel à l'apaisement

Le recteur a appelé à l'apaisement entre responsables juifs et musulmans, mettant en garde contre l'idée de "se recroqueviller" sur sa communauté. "Je ne veux surtout pas qu'on monte une communauté contre une autre", a-t-il affirmé, alors que des tensions sont au plus fort depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

"Aujourd'hui il y a peut-être de l'émotion, une crispation, mais aller jusqu'à la rupture, c'est inconcevable", a-t-il ajouté.

Chems-eddine Hafiz a par ailleurs annoncé, au nom du Forif (Forum de l'islam de France) qui est l'organe de dialogue entre l'État et les responsables musulmans, le lancement d'une "association recensant les actes antimusulmans et qui poursuivra leurs auteurs", a-t-il assuré.

François Blanchard avec AFP