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Le PCF croit encore aux lendemains qui chantent

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par Emile Picy PARIS (Reuters) - Le Parti communiste, principale formation politique française au lendemain de la Libération, veut croire en des...

par Emile Picy

PARIS (Reuters) - Le Parti communiste, principale formation politique française au lendemain de la Libération, veut croire en des lendemains meilleurs malgré un déclin qui se poursuit inexorablement depuis trente ans.

Le PCF, qui ne dispose plus d'un groupe autonome à l'Assemblée, ne présentera pas de candidat à l'élection présidentielle de 2012, pour la première fois depuis 1974.

Le "parti des fusillés", comme il se faisait appeler au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour illustrer son rôle dans la Résistance, était devenu le premier parti de France en 1945-46 avec plus de 28% des suffrages et 182 députés.

Sa descente aux enfers a commencé en 1981 avec la conquête de l'Elysée par le socialiste François Mitterrand. La chute du Mur de Berlin en novembre 1989 et la fin de l'Union soviétique en décembre 1991 ont contribué à l'affaiblir davantage.

Ses scores aux différents scrutins n'ont cessé de se réduire comme peau de chagrin. Lors des élections législatives de 2007, avec une quinzaine de députés, le PCF a été dans l'incapacité de former un groupe autonome, le minimum requis étant de 20.

Aussi, avec les Verts et quelques divers gauche, les communistes ont-ils constitué à l'Assemblée nationale un groupe technique, le groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR), que préside aujourd'hui Yves Cochet (Verts).

Les députés PC, au nombre de 13, et apparentés puisque plusieurs élus ont depuis quitté le Parti, ont toutefois constitué un sous-groupe piloté par Roland Muzeau.

DÉFECTIONS

Maxime Gremetz, figure pittoresque de l'Assemblée, connu pour ses coups de colère, a démissionné en mai de son siège de député de la Somme qu'il occupait de façon quasi ininterrompue depuis 1978 après avoir été exclu du groupe GDR pour un incident lors d'une audition.

Quelques mois plus tôt, le secrétaire général du groupe, Dominique Touraine, par ailleurs élu PC, quittait son poste pour le cabinet du ministre de la Ville, Maurice Leroy, un ancien communiste qui a créé le Nouveau centre (NC), allié de l'UMP.

Ces péripéties et l'absence d'un groupe communiste autonome n'entament cependant pas l'optimisme de Roland Muzeau.

"Ce n'est pas un handicap", dit-il à Reuters. "Ça n'a absolument pas effacé la réalité de l'action des députés communistes et apparentés. Demain, notre ambition, c'est d'avoir un groupe Front de gauche élargi, un groupe de rassemblement".

Le Front de gauche, mis en place pour les récents scrutins, regroupe principalement le Parti communiste et le Parti de Gauche (PG) que dirige l'ancien socialiste Jean-Luc Mélenchon, officiellement en lice pour 2012.

Sa représentation au Sénat, avec 20 élus, et une implantation locale qui reste forte freinent le déclin du Parti communiste et son effacement du champ politique.

D'où la relative confiance en l'avenir de Roland Muzeau. "Je crois qu'on peut parler de déclin enrayé", dit-il. "Ça se confirme d'élection en élection mais aussi par la dynamique ressentie sur le terrain".

FAIRE OUBLIER 2007

Le Front de gauche, estime l'élu PC, "a pris racine, il existe. C'est une référence pour ceux qui souhaitent se situer à gauche et à gauche du PS. C'est plutôt bon signe".

Le porte-parole des députés PC et apparentés se montre également confiant pour la présidentielle, où le PC a renoncé à présenter l'un des siens, le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne, lui préférant le plus médiatique Jean-Luc Mélenchon.

"Qu'il n'y ait pas de candidat issu des rangs du PC ne pose pas de problème", affirme Roland Muzeau. "Il y a eu débat, les communistes se sont prononcés d'une manière assez large et aujourd'hui, on a un candidat du Front de gauche."

Avec ce candidat extérieur à ses rangs, le Parti communiste, dont le secrétariat général est occupé depuis juin 2010 par Pierre Laurent, espère faire oublier les mauvais scores réalisés par ses candidats aux derniers scrutins présidentiels.

Marie-George Buffet, alors secrétaire nationale, avait obtenu 1,93% des suffrages exprimés en 2007, le résultat historiquement le plus bas du PC. Son prédécesseur, Robert Hue, avait recueilli 3,37% des voix en 2002.

Les scrutins de 2012 seront un nouveau test décisif. Plus que le score de Jean-Luc Mélenchon, ce sont surtout ceux de ses candidats aux législatives qui compteront.

Avec à la clé la possibilité ou non de créer un groupe Front de gauche à l'Assemblée dominé par la formation.

Edité par Patrick Vignal