Le "kiosquier de Charlie" a aussi croisé la route des frères Kouachi

Le matin du 7 janvier 2015, Patrick Deschamps, kiosquier à Saint-Germain-des-Prés, à Paris, venait de vendre des journaux à deux de ses habitués: Cabu et Wolinski. Les deux dessinateurs de Charlie Hebdo, tués le jour même par les frères Kouachi, connaissaient bien ce commerçant.
Si Cabu se contentait d’acheter son journal et de repartir, Patrick Deschamps se souvient d’avoir échangé des conversations avec Georges Wolinski qui avait souvent "un petit mot en plus", se rappelle-t-il sur BFMTV.
"On a besoin de ton véhicule"
Le 7 janvier, Patrick Deschamps quitte son poste en fin de matinée. Il l’ignore encore, mais au moment où il roule dans Paris à bord de sa vieille Clio grise, les locaux de Charlie Hebdo ont été attaqués par les frères Kouachi. Les deux terroristes ont décimé la rédaction du journal satirique. Parmi les douze victimes, les deux clients de Patrick Deschamps, Cabu et Wolinski.
Coïncidence incroyable, Patrick Deschamps va lui aussi croiser la route des terroristes. L’attaque vient de se terminer et les frères Kouachi sont en fuite. Place du Colonel-Fabien, ils entrent en collision avec une voiture, sous les yeux du kiosquier.
Ils décident de changer de voiture, ce sera celle de Patrick Deschamps. "Il me braque avec son arme de guerre et il me dit 'tu descends de ta voiture on a besoin de ton véhicule', se souvient le commerçant. Son frère s’installe au volant, ils vont pour démarrer, ils m’ont dit 'si les médias t’interrogent tu n’auras qu’à dire Al-Qaïda au Yémen'. Ils calent une première fois et ils continuent en direction de la porte de Pantin".
Le kiosquier apprend la mort de ses clients
Les terroristes entament leur cavale hors de la capitale. Chez un commerçant du quartier, Patrick Deschamps va apprendre quelques minutes plus tard l’attaque contre Charlie Hebdo. "Dans les dix minutes, un quart d’heure qui suivent, commencent à tourner en boucle sur la télévision de l’artisan boulanger des informations qui retracent les événements de Charlie", se souvient-il. Cabu et Wolinski, qu’il a vus le matin même, sont morts.
Face à l’ampleur de l’attaque, le kiosquier est conscient d’avoir eu de la chance. Une journaliste italienne, Anaïs Ginori, lui a consacré un livre, Le Kiosquier de Charlie, qui se veut aussi un hommage à la presse papier. Un an après l’attentat, Patrick Deschamps vend toujours des journaux à Saint-Germain-des-Prés, et Charlie Hebdo bien sûr, tous les mercredis.
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