LBD: le Conseil d'État doit trancher sur une éventuelle suspension de son utilisation

Des policiers équipés de LBD - SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP
À la veille du douzième samedi de mobilisation des gilets jaunes, le conseil d'État a rendu sa décision: les LBD continueront d'être utilisés pour le maintien de l'ordre. Les requérants, la CGT et de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), avaient demandé un moratoire sur l'usage de cette arme, à l'origine de blessures graves. Ils considèrent son emploi comme injustifié, disproportionné et portant gravement atteinte aux libertés fondamentales.
Dans son communiqué, le Conseil d'État explique: "le juge des référés du Conseil d’État a été saisi de demandes tendant à ce qu’il ne soit plus fait usage du lanceur de balles de défense (LBD) lors de manifestations de gilets jaunes. Par les décisions de ce jour, le juge des référés du Conseil d’État rejette ces demandes."
L’emploi du lanceur de balles de défense (LDB, Flash-Ball de son nom commercial), est remis en cause par ses opposants depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes. Cependant, la question de son utilisation s'était particulièrement reposée après la blessure à l'oeil de Jérôme Rodrigues, l'un des participants du mouvement, samedi dernier. L’emploi de certains types de grenades, comme celles de désencerclement, est également contesté.
Nunez juge l'utilisation de ce type d'armes "fondamental"
Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez, a dit ce vendredi attendre "sereinement" la décision du Conseil d'État, Ce dernier juge l'usage en manifestation des lanceurs de balles de défense (LBD), "fondamental" au maintien de l'ordre. Invité sur RTL, le secrétaire d'État a rappelé que l'utilisation de ces armes dites de force intermédiaire, était "proportionnée et surtout contrôlée".
"Ces armes intermédiaires sont fondamentales, elles permettent de maintenir à distance des manifestants, des casseurs, voire d'aller au contact pour interpeller sans utiliser des moyens pour tuer", a-t-il insisté.
Le ministère de l’Intérieur parle de 1900 blessés chez les manifestants et 1200 parmi les forces de l’ordre (soit plus de 3000 au total), et évoque 243 signalements auprès de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a ouvert 111 enquêtes. Mercredi, on apprenait qu'il y avait eu 9228 tirs de LBD depuis le début du mouvement.
Certains policiers ne seraient pas formés à l'emploi de LBD
L'Opinion, qui a recensé des témoignages anonymes, constate que certains responsables des forces de l'ordre pointent du doigt l'utilisation de ces types d'armes intermédiaires par certains corps de la police. Les policiers des détachements d’action rapide (DAR) sont notamment visés.
Ils sont, pour la plupart, issus d’unités comme les brigades anticriminalité (BAC), des compagnies de sécurisation et d’intervention (CSI) ou des brigades spécialisées de terrain (BST). Pour certains responsables, ces derniers n’auraient pas la formation ni l’expérience du maintien de l’ordre, contrairement aux forces mobiles (CRS et gendarmes mobiles).
Une pétition demande un moratoire sur les LBD
Il y a une semaine, Laurent Thines, professeur de neurochirurgie au CHU de Besançon, a lancé une pétition contre l'utilisation des lanceurs de balles de défense par les forces de l'ordre lors des manifestations. Il appelle ses collègues soignants à réclamer à ses côtés un moratoire, et exclut tout acte politique dans cette pétition qui a déjà rassemblé plus de 77.000 signatures.