La raffinerie de grandpuits réquisitionnée

La raffinerie de pétrole en grève de Grandpuits, en région parisienne, a été réquisitionnée par les pouvoirs publics tôt vendredi matin, provoquant la colère des ouvriers. /Photo prise le 22 octobre 2010/REUTERS/Benoît Tessier - -
GRANDPUITS, Seine-et-Marne (Reuters) - La raffinerie de pétrole en grève de Grandpuits, en région parisienne, a été réquisitionnée par les pouvoirs publics tôt vendredi matin, provoquant la colère des ouvriers.
Le ministère de l'Intérieur a invoqué des problèmes de distribution de carburant pour justifier cette action conduite sur le site qui fournit 70% du carburant en Ile-de-France.
Situé en Seine-et-Marne, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Paris, le site Total de Grandpuits est l'une des 12 raffineries de pétrole du pays, en pointe dans le mouvement de contestation contre la réforme des retraites.
"Ce qui vient de se passer est extrêmement grave", a dénoncé Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe pétrolier Total, secrétaire général du syndicat chargé de la branche pétrole, lors d'un point de presse organisé en milieu de nuit.
"Du temps de Pétain, nous connaissions les rafles; sous l'ère de Nicolas Sarkozy, nous connaissons la rafle de nos acquis sociaux, la rafle du droit syndical puisque, par cette réquisition, il entrave les salariés dans leur exercice du droit de grève", a-t-il poursuivi.
Un porte-parole de la CGT Total a dénoncé quant à lui "une opération médiatique à la Sarkozy".
"Cela va soulager la région parisienne pendant deux jours, pas plus faut pas rêver. Aujourd'hui les produits finis il y en a très peu (à Grandpuits), les mélanges ne sont pas faits. C'est une grosse opération médiatique pour dire 'regardez comme je suis ferme', et en plus il s'assoit sur le droit de grève", a-t-il dit à Reuters.
Michel Billout, sénateur communiste de Seine-et-Marne, s'est rendu sur place.
"C'est vraiment la démonstration que Nicolas Sarkozy et son gouvernement sont prêts à faire adopter coûte que coûte un projet de réforme des retraites que la population ne veut pas", a-t-il dit à la presse, dénonçant "une remise en cause des droits des salariés qui est absolument insupportable".
Selon la CGT, les heurts ont fait "trois blessés dont un gréviste réquisitionné qui s'est fait piétiner".
Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur parle lui d'une "opération de déblocage" effectuée "dans le calme et sans qu'aucun incident n'ait été à déplorer".
LA CGT APPELLE À AMPLIFIER LES ACTIONS
Les "réquisitions de personnels strictement nécessaires" décidées par le préfet de Seine-et-Marne ont permis selon lui "l'approvisionnement de plus d'une dizaine de camions citernes".
Selon le ministère dirigé par Brice Hortefeux, "l'unique objectif de cette opération est de rendre disponibles les stocks de carburant de cette raffinerie en vue de faire face aux besoins de la population de la région d'Ile-de-France, et tout particulièrement de l'est francilien".
Dans un communiqué, la Fédération nationale des industries chimiques CGT "appelle à maintenir et amplifier les actions partout" et à faire de la prochaine journée de mobilisation, jeudi prochain, "un nouveau rendez-vous national de grèves avec manifestations d'une ampleur exceptionnelle"
Le blocage des raffineries et des dépôts de carburants a provoqué des perturbations dans l'approvisionnement des stations-service à l'approche des premiers départs en vacances de la Toussaint.
Entre 20% et 21% des stations connaissaient des problèmes d'approvisionnement vendredi matin, selon le ministre de l'Energie Jean-Louis Borloo, qui parle de "lente amélioration".
En déplacement dans l'Eure-et-Loir, Nicolas Sarkozy a justifié jeudi le déblocage des dépôts d'hydrocarbures paralysés en déclarant qu'on ne pouvait laisser "une minorité" prendre en otage la vie quotidienne des Français.
Benoît Tessier et Service France, édité par Yves Clarisse