La raffinerie de Grandpuits réquisitionnée

La raffinerie de pétrole en grève de Grandpuits, en région parisienne, a été réquisitionnée par les pouvoirs publics tôt vendredi matin "au nom des intérêts de la défense nationale", a-t-on appris de source syndicale. /Photo prise le 18 octobre 2010/REUTE - -
GRANDPUITS, Seine-et-Marne (Reuters) - La raffinerie de pétrole en grève de Grandpuits, en région parisienne, a été réquisitionnée par les pouvoirs publics tôt vendredi matin "au nom des intérêts de la défense nationale", a-t-on appris de source syndicale.
Le site Total de Grandpuits, en Seine-et-Marne, est l'une des douze raffineries de pétrole réparties sur le territoire français, en pointe dans le mouvement de contestation contre la réforme des retraites.
"Ce qui vient de se passer est extrêmement grave", a dénoncé Charles Foulard, coordinateur CGT du groupe pétrolier Total, secrétaire général du syndicat chargé de la branche pétrole, lors d'un point de presse organisé en milieu de nuit.
"Du temps de Pétain, nous connaissions les rafles; sous l'ère de Nicolas Sarkozy, nous connaissons la rafle de nos acquis sociaux, la rafle du droit syndical puisque par cette réquisition, il entrave les salariés dans leur exercice du droit de grève", a-t-il poursuivi.
En milieu de nuit, alors qu'un important dispositif de sécurité avait été établi autour du site, on ignorait encore ce que comptaient faire les manifestants qui bloquent l'accès au site de Grandpuits, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Paris.
Le blocage des raffineries et des dépôts de carburants a provoqué des perturbations dans l'approvisionnement des stations-services à l'approche des premiers départs en vacances de la Toussaint. Sur les quelque 12.300 stations que compte la France, 2.790 étaient confrontées à des pénuries selon le pointage réalisé jeudi par le gouvernement.
En déplacement dans l'Eure-et-Loir, Nicolas Sarkozy a justifié jeudi le déblocage des dépôts d'hydrocarbures paralysés en déclarant qu'on ne pouvait laisser "une minorité" prendre en otage la vie quotidienne des Français.
"On n'a pas le droit de prendre en otage des gens qui n'y sont pour rien, dans leur vie quotidienne", a-t-il dit. "En prenant en otage l'économie, les entreprises, et la vie quotidienne des Français, on va détruire des emplois", a-t-il ajouté.
Les forces de l'ordre ont poursuivi jeudi le déblocage des dépôts, comme à Rubis à Rouen, qui approvisionne la région rouennaise et une partie de l'Ile-de-France, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, sur Europe 1.
Sept dépôts avaient été débloqués la nuit précédente, a-t-il rappelé, précisant que 14 restaient paralysés sur les 219 du pays, dont 96 sont considérés comme "prioritaires".
Benoît Tessier et Service France, édité par Henri-Pierre André