La piscine de Calais interdite aux migrants

"Jungle" de Calais - AFP
Dix-neuf associations ont dénoncé une mesure "discriminatoire" de la communauté d'agglomération du Calaisis visant selon eux à restreindre l'accès des migrants à une piscine de Calais. Le Défenseur des droits a donc été saisi.
Depuis le 23 novembre, les personnes souhaitant profiter de la piscine Icéo à Calais doivent présenter une carte délivrée sur présentation d'une pièce d'identité et d'un justificatif de domicile. La modification des conditions d'accès est une "infraction caractérisée de discrimination mettant à l'écart une population qui est déjà très stigmatisée", a affirmé Claire Rodier, directrice du Groupe de soutien aux immigrés (Gisti) à l'origine de cette initiative.
"Ces exigences nouvelles affecteront les sans-domicile fixe, mais (...) la discrimination sociale est une conséquence secondaire (...) de la discrimination 'raciale'", écrivent ces associations, dont Amnesty international, Emmaüs France ou encore la Ligue des droits de l'Homme, dans une lettre adressée au procureur de Boulogne-sur-Mer et au Défenseur des droits, qui en a confirmé la réception mercredi.
Une décision prise par "sécurité"
"Nous vous remercions d'apprécier la légalité d'une mesure manifestement discriminatoire, clairement contraire à la loi", ajoutent les signataires. La présidente de la communauté d'agglomération du Calaisis et maire de Calais, Natacha Bouchart, a justifié auprès cette "mesure de sécurité dans le cadre de l'état d'urgence face à des personnes dont on ne connaît pas l'identité". Selon elle, la saisine du Défenseur des droits est "injuste": "ces organismes mélangent tout, ils feraient mieux de continuer à faire de l'humanitaire plutôt que de la politique", a-t-elle affirmé.
La piscine Icéo à Calais est située à une vingtaine de minutes à pied du camp de la "Jungle" de Calais où environ 4.500 migrants, venant principalement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, vivent dans des conditions très précaires.