La philo en seconde: utile ou perte de temps ?

L'idée de Luc Chatel d'intégrer la philo dès la classe de sceonde divise lycéens, enseignants et parents. - -
Le ministre de l’Education Luc Chatel a annoncé jeudi qu'il voulait insérer la pratique de la philosophie dès la classe de seconde, et non plus en terminale. Il s'agirait d'une pratique de la discipline, via des débats ou l'évocation de grands sujets en cours, et non d'un enseignement stricto sensu. L’expérimentation débutera dès la rentrée 2011 dans certains établissements qui seront chargés d'en définir les modalités.
Une idée diversement reçue chez les enseignants, lycéens et associations de parents d'élèves.
« On est encore trop dans l'âge où on s'amuse »
Au lycée Claude Monet, à Paris, les élèves de seconde sont plutôt dubitatifs. « Ajouter une matière en plus - surtout la philo, une matière qui n’est pas simple – ce serait trop. On a déjà beaucoup d’heures et beaucoup de devoirs ». Même inquiétude pour une autre élève: « On est encore trop dans l'âge où on s'amuse, déjà qu'on a beaucoup de choses à faire. On n’a déjà pas acquis toutes les bases de Français. Alors la transition entre le français et la philosophie risquerait d’être un peu difficile ».
Chez les élèves de Terminale, on est un peu plus réceptifs à l'idée: « Nous, ça nous a manqué. On est en Terminale L et cette année, on a neuf heures de philo par semaine. C’est assez compliqué d’apprendre une nouvelle matière directement, sans aucune notion ». Pour l’une de ses camarades, « il ne s’agit pas de l’apprendre comme nous on l’apprend, parce que ça demande un peu de maturité. Mais selon moi, on pourrait faire la philosophie dès la seconde ».
« Une démocratisation de l'enseignement »
Edwige Chitourère qui est professeur de philosophie, est clairement favorable à la proposition de Luc Chatel. « En un an, avec l’échéance du baccalauréat, c’est mission impossible pour véritablement intéresser les élèves. Donc commencer plus tôt avec d’autres supports comme la littérature ou le cinéma, et les amener progressivement à la lecture des auteurs, tout ça doit parvenir à la démocratisation de l’enseignement de la philosophie ».
Corrine Tapiero, vice-présidente de la PEEP (Association des parents d’élèves de France), est en revanche sceptique face à cette mesure. « Encore faut-il savoir si on a suffisamment de places et d’enseignants pour dispenser ces heures de cours » s’interroge-t-elle. « Si on doit rajouter des choses tous les ans, on ne va pas s’en sortir ».