La pauvreté perçue en France comme une épée de Damoclès

Objet d'une bataille de chiffres, accentuée par la crise, sujet d'angoisse dans l'opinion, la pauvreté est perçue comme une épée de Damoclès par beaucoup de Français. /Photo d'archives/REUTERS/John Schults - -
Alors que le gouvernement maintient l'objectif de réduire la pauvreté d'un tiers d'ici la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, à la mi-2012, un sondage témoigne du pessimisme des Français sur leur propre situation économique.
Publié dans le magazine Pèlerin à l'approche de la Journée internationale du refus de la misère, dimanche, un sondage TNS Sofres-Logica montre que près d'un Français sur deux (48%) se sent concerné ou inquiet face à la pauvreté.
Ils sont 18% à se considérer comme pauvres et 37% ont peur de le devenir.
Une angoisse de long terme puisque 65% des 1.000 personnes interrogées les 24 et 27 septembre pensent que le niveau de vie de la génération des enfants d'aujourd'hui sera moins bon que celui de leur propre génération .
Selon un récent rapport de l'Insee portant sur l'année 2008, près d'un ménage sur huit vit sous le seuil de pauvreté, établi en France à 950 euros par mois.
Le ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, Marc-Philippe Daubresse, a réaffirmé mercredi l'objectif présidentiel de réduire d'un tiers la pauvreté d'ici l2012.
Les dernières données disponibles portant sur la période 2006-2008, antérieure à la crise, montrent un recul de 11,5% du taux de pauvreté monétaire (qui correspond aux ressources) ancré dans le temps (prenant en compte l'inflation) au seuil de 60% du revenu médian des Français (qui était de 1.580 euros en 2008).
"L'objectif d'une réduction d'un tiers reste accessible mais il faut aller plus loin", a déclaré Marc-Philippe Daubresse lors d'une conférence de presse.
PROBLÈMES D'ACCÈS AUX SOINS MÉDICAUX
Il a dit vouloir s'attaquer à la question du "reste à vivre", qui passe par une réponse aux problèmes de surendettement et de précarité énergétique, qui concerne 3,4 millions de ménages.
A l'orée de l'hiver, les associations humanitaires tirent une à une la sonnette d'alarme. Le Secours populaire a ainsi constaté une hausse de 20% de la fréquentation de ses permanences d'aide alimentaire ces derniers mois.
Dans son rapport annuel publié mardi, Médecins du Monde (MDM) évoque pour sa part une aggravation de la situation sanitaire des plus démunis.
L'organisation a constaté entre 2007 et 2009 une hausse de 17% du nombre de patients - la plupart étrangers - venant se faire soigner dans ses centres faute de moyens financiers suffisants. Lors de leur première consultation, il s'avère que 85% n'ont ni Aide médicale d'Etat (AME), ni couverture maladie universelle (CMU).
MDM dit aussi avoir constaté en un an une hausse de 30% du nombre de mineurs pauvres reçus dans ses centres.
Dans un communiqué publié mercredi, le Parti socialiste dénonce une "logique purement comptable" de la politique gouvernementale, "qui laisse dériver les finances publiques et en rejette la faute sur les assurés sociaux".
"La réduction des inégalités face à la santé - et pas seulement à l'accès aux soins - sera l'un des pivots d'une politique publique de santé de gauche", promet Marisol Touraine, secrétaire nationale à la Santé et la Sécurité sociale, dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012.
Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse