La mostra de venise sans réel favori

Quentin Tarantino, président du jury de la 67e Mostra de Venise. Le festival vénitien, qui connaîtra ses lauréats ce samedi soir, a proposé une sélection solide et variée, sans toutefois faire émerger de film capable de créer l'événement. /Photo prise le - -
par Silvia Aloisi
VENISE (Reuters) - La Mostra de Venise, qui connaîtra ses lauréats ce samedi soir, a proposé une sélection solide et variée, sans toutefois faire émerger d'oeuvre capable de créer l'événement.
De la comédie à la française au minimalisme existentiel polonais, en passant par le drame chinois en costumes, aucun des 24 films en compétition n'a fait l'unanimité. Ainsi l'édition 2010 aura-t-elle été privée des moments forts suscités l'année précédente par "Lebanon", ou en 2008 par "The Wrestler" et le retour surprise de Mickey Rourke.
La tâche s'annonce donc ardue pour Quentin Tarantino, président du jury, qui décernera les prix samedi soir lors de la cérémonie de clôture.
"La moyenne des films est très bonne, mais il n'y a pas de quoi tomber amoureux", écrivait récemment l'éditorialiste du quotidien italien Il Foglio, qui a depuis jeté son dévolu sur "La Vénus Noire", du Français Abdellatif Kéchiche.
Au manque d'enthousiasme suscité par la sélection, sont venus s'ajouter une météo maussade, la fermeture de l'Hôtel des bains, lieu historique du Lido très associé à la Mostra, et la concurrence du festival de Toronto.
POÉSIE
Parmi les principaux prétendants au Lion d'or, figurent "The Ditch" (Le fossé), du Chinois Wang Bing, qui décrit les conditions de vie dans un camp de rééducation politique du désert de Gobi pendant les années 1950, et Ovsyanki (Silent Souls), du Russe Alexei Fedorchenko, un road movie contemplatif sur une culture en déclin et l'amour obsessionnel.
"C'est assez éloquent dans les deux cas; cela montre que le cinéma peut parfois atteindre une espèce de poésie, tout comme la prose", commente le critique britannique Derek Malcom.
"La Vénus noire", quatrième film d'Abdellatif Kéchiche, inspirée de l'histoire vraie de la "Vénus Hottentote", une sud-africaine traînée en Europe comme une bête de foire au début du XIXe, pourrait également toucher le jury, qui a par ailleurs fait bon accueil à "Potiche", de François Ozon, dont Catherine Deneuve et Gérard Depardieu partagent l'affiche.
S'il a divisé, "Balada Triste de Trompeta" de l'Espagnol Alex de la Iglesia, compte toutefois de fervents défenseurs.
La dette de Quentin Tarantino à l'égard du cinéma asiatique et des films de kung fu, place "13 Assassins", de Takashi Miike (Japon), en position d'outsider, tout comme "Black Swan", thriller psychologique signé Darren Aronofsky (Etats-Unis).
Natalie Portman, qui y tient le premier rôle, semble l'une des mieux placées pour le prix d'interprétation féminine, au même titre que Yahima Torres, la "Vénus Noire" d'Abdellatif Kéchiche.
Coté masculin, Vincent Gallo, le taliban en cavale d'"Essentiel Killing", du Polonais Jerzy Skolimowski, et Paul Giamatti, acteur principal de "Barney's Version" de Richard J. Lewis (Canada), semblent faire la course en tête.
Jean-Philippe Lefief pour le service français