La France est-elle incapable de gérer le froid ?

Problèmes d'acheminement d'électricité, routes encombrées, trains au ralenti... Les Français comprennent parfois difficilement que quelques degrés en moins puissent paralyser une partie du pays. Les autorités se défendent. Explications.

Il a suffi, cette année encore, de quelques degrés en moins et de l'arrivée de la neige sur certains départements pour qu'une partie du pays se retrouve en difficulté en quelques heures.
Jeudi encore, des centaines de voitures se sont retrouvées bloquées sur les routes dans l'ouest et des milliers de poids-lourd à l'arrêt, à cause de la neige qui encombrait les voies. La SNCF accuse également des retards importants sur plusieurs lignes depuis quelques jours, notamment à cause du verglas et du froid. Mêmes problèmes sur certains réseaux de transports en commun des grandes agglomérations. Et en milieu de semaine, RTE, responsable de la distribution de l'électricité en France, a dû à plusieurs reprises faire « appel à la responsabilité » des Bretons afin qu'ils réduisent leur consommation.

« Ca revient tous les ans ! »

Parmi les nombreux Français à ne pas comprendre que la situation puisse se dégrader chaque année aussi rapidement, Patrice Clos, secrétaire adjoint à FO Transport : « Dans les pays nordiques, on sait anticiper. Pourquoi pas en France ? Là-bas les camions arrivent à rouler, parce qu'ils ne salent pas. Ils mettent du sable pour que ça accroche. Et donc ça évite que ça gèle. Le problème, c'est que ça revient tous les ans, et à chaque fois ce sont les poids-lourds qui trinquent. A un moment donné, ça suffit. Il faut que les pouvoirs publics se rendent compte qu'il neige chaque année et qu'il faut mettre les moyens ».

Une incompréhension largement partagée par Jocelyne, une habitante du Finistère. Elle a entendu, mercredi, RTE lui demander de réduire sa consommation électrique et elle est en colère : « Pourquoi est-ce à nous de faire l'effort quand il y a un problème d'approvisionnement ? C'est le monde à l'envers. L'Etat n'est pas capable de nous assurer du courant quand il fait un peu froid, et ça serait à nous d'être soi-disant "responsables" ? On se paie notre tête ! ».

« Une part de la responsabilité revient aux usagers »

Des critiques que les responsables visés n'apprécient guère, et estiment injustes. Philippe Beuzelin, directeur de cabinet du Préfet des Côtes-d'Armor, répond aux automobilistes en colère : « Une part de la responsabilité revient quand même aux usagers. Moi je dirais que c'est aussi parce qu'en France, en tout cas en Bretagne, on n'a pas de pneus neige. On est vite en situation de fragilité, dès qu'on a un véhicule et notamment un poids-lourd qui se met en travers de la chaussée, en 10 minutes on se retrouve avec un bouchon derrière. Et avec des secours et des saleuses qui ne passent pas non plus parce qu'ils sont bloqués ».