La France a-t-elle laissé mourir 60 migrants en pleine mer ?

Selon le quotidien britannique The Guardian, le porte-avions Charles-de-Gaulle (photo) aurait refusé de porter secours à une embarcation de migrants libyens dont 61 occupants sont finalement morts de soif. La France dément. - -
Selon le quotidien britannique, l'embarcation serait partie de Tripoli (Libye) le 25 mars dernier, avec 72 migrants à son bord. Des hommes, des femmes et des enfants. Leur navire aurait rapidement dérivé jusqu'à finalement revenir s'échouer deux semaines plus tard sur une plage de Misrata. Il n'y avait plus alors que onze survivants.
Or, toujours selon The Guardian, le navire a croisé la route du porte-avions français Charles-de-Gaulle, qui aurait refusé de lui porter assistance. « Malgré les alertes des gardes-côtes italiens et les contacts du bateau avec au moins un navire militaire de l'OTAN et un hélicoptère, aucun sauvetage n'a été tenté », écrit le journal.
« Ils étaient à 300 ou 400 mètres de distance »
Au milieu de leur enfer, les migrants ont passé un appel téléphonique à un prêtre italien, Moses Zerai, président de l'organisation de défense des droits des réfugiés à Rome. Sur RMC, il témoigne en exclusivité : « Ils m'ont dit qu'ils ont vu un grand bateau avec des avions posés dessus, un navire de guerre. C'est clair que c'était un porte-avions de guerre, c'est évident. Mais ils n'ont pas vu le drapeau. On peut et on doit savoir d'où venaient cet hélicoptère [NDLR: cité par The Guardian] et ce navire de guerre. Ce n'est pas compliqué de le savoir si on a la volonté d'éclaircir véritablement cette situation. Ils m'ont dit qu'ils étaient à 300 ou à 400 mètres de distance. Un navire avec autant d'instruments de navigation à bord ne pouvait pas ne pas les voir. Petit à petit, ils ont commencé à mourir. D'abord les enfants, puis les femmes, puis les hommes. Et finalement 61 personnes sont mortes ».
« Techniquement, le Charles-de-Gaulle ne pouvait pas rencontrer cette embarcation »
Face à la gravité de ces affirmations, l'Etat major des armées a tenu à mettre clairement les choses au point. « Je démens formellement ces graves accusations », explique sur RMC son porte-parole, le colonel Thierry Burkhard. « Le Charles-de-Gaulle n'a jamais été en contact avec cette embarcation. Tout d'abord pour une raison simple, il ne s'est jamais approché à moins de 200 km de Tripoli, alors que le Guardian parle d'une embarcation qui se trouvait à environ 60 nautiques, donc environ 70 km. Donc techniquement, le Charles-de-Gaulle ne pouvait pas rencontrer cette embarcation. Le Charles-de-Gaulle n'a par ailleurs jamais rencontré aucune embarcation de migrants, ni à ce moment-là, ni à d'autres endroits ».
Le porte-avions Charles-de-Gaulle participe depuis le mois de mars à la force déployée par la France, sous mandat de l'ONU et commandement de l'OTAN, en vue de protéger les civils libyens du régime de Mouammar Kadhafi.