"La femme n'existait pas": le témoignage de Marcelle, 105 ans, qui a voté pour la première fois il y a 80 ans

Ce jour-là, tout a changé pour Marcelle Abadie à l'image de millions de Françaises. Le 29 avril 1945, alors âgée de 25 ans, elle a pu voter aux élections municipales. Une première, à peine plus d'un an après l'instauration du droit de vote pour les femmes dans notre pays en vertu d'une ordonnance du gouvernement provisoire du général de Gaulle.
80 ans plus tard, à 105 ans, Marcelle Abadie en parle comme si c'était hier. "Ah oui je me souviens! Pour la première fois, la femme pouvait parler. Jusqu'à présent (elle) n'existait pas, elle était bonne pour faire le ménage!", retrace-t-elle, encore marquée par cette journée, dont elle livre plusieurs détails.
Que ce soit son rendez-vous chez le coiffeur, sa tenue "chic-éléguante", ou encore les regards qui se portaient sur les femmes se rendant aux bureaux de vote.
"Mon mari avait ses idées, moi j'avais les miennes"
Si Marcelle Abadie ne se souvient plus pour quelle personnalité politique elle s'est prononcée, une chose est sûre: son vote lui appartenait et à elle seule. "Mon mari avait ses idées, moi j'avais les miennes", dit-elle.
Depuis ce 29 avril, la centenaire se rend à chaque élection, consciente que ce droit a été durement acquis. "Je connais des gens qui me disent: 'moi maintenant, le vote je n'y vais pas' eh bien je leur dis que ce n'est pas bien, vous n'êtes pas de vraies Françaises (sic)", explique-t-elle.
Six mois après ce jour historique, un nouveau pas était franchi pour le droit des femmes. À l'issue des législatives, 33 députées faisaient leur entrée à l'Assemblée nationale parmi les 586 élus.
Depuis les dernières élections, à l'été 2024, elles sont 208 parmi les 577 qui composent l'hémicycle, soit 36%. Ce qui est significatif du chemin parcouru, même s'il reste encore long.
L'ONG Oxfam publie un index ce mardi mesurant "le taux de féminisation du pouvoir en France" qui fait le constat qu'en 2025, seuls 28% des postes-clés exécutifs, parlementaires ou locaux, ainsi que dans les grandes institutions, sont occupés par des femmes.