L'ue poursuit l'élargissement, malgré la crise et les doutes

Herman Van Rompuy, président du Conseil européen. L'Estonie et l'Islande ont été invitées jeudi à rejoindre l'euro et à négocier l'adhésion à l'UE, au moment où le scepticisme sur l'élargissement gagne du terrain à la faveur des turbulences de l'euro et d - -
par Vincent Chauvet
BRUXELLES (Reuters) - L'Estonie et l'Islande ont été invitées jeudi à rejoindre l'euro et à négocier l'adhésion à l'UE, au moment où le scepticisme sur l'élargissement gagne du terrain à la faveur des turbulences de l'euro et de la réforme des règles de fonctionnement du bloc communautaire.
Parallèlement, les incertitudes pesant sur la zone euro ont refroidi les ardeurs des autres pays candidats à la monnaie unique qui, confrontés à un niveau élevé de déficit public ou d'inflation, ne devraient pas rejoindre la zone euro avant 2014.
L'Estonie, qui deviendra le 1er janvier 2011 le 17e pays de la zone euro, fait toutefois figure de bon élève par rapport à ses voisins baltes et est-européens.
D'importantes réformes budgétaires et structurelles ont permis au pays, avec 2,4% de déficit et une dette de 9,6% du PIB, de remplir les conditions d'adhésion et de rester dans les clous du pacte de stabilité, qu'il est maintenant le seul en Europe, avec le Luxembourg et la Suède, à respecter.
Faisant écho à un rapport de la Banque centrale européenne, plusieurs pays, dont la France, ont toutefois jugé la semaine dernière que le moment n'était pas politiquement bien choisi et que les chiffres ayant permis à l'Estonie d'avoir le feu vert des dirigeants européens étaient peut-être en trompe-l'oeil.
"Les taux d'inflation actuellement faibles en Estonie reflètent principalement des facteurs temporaires, en particulier le sévère processus en cours d'ajustement économique qui a entraîné une contraction de 14,1 % du PIB réel en 2009", a écrit la BCE en mai, ajoutant que l'analyse du système financier estonien avait donné lieu à une "évaluation contrastée".
L'adoption de l'euro ne devrait pas avoir de conséquences importantes pour les consommateurs et les investisseurs estoniens, dans la mesure où la couronne est liée depuis plusieurs années à la monnaie unique.
Toutefois, la remontée attendue des prix dans le pays avec l'introduction de l'euro pourrait alimenter les critiques de la population estonienne, et plus largement des adversaires de l'euro, vis-à-vis de la monnaie unique.
L'ISLANDE DÈS 2012
L'adhésion probable de l'Islande à l'Union européenne ne causera pas non plus de changements majeurs à Reykjavik.
Déjà membre de l'Espace économique européen (EEE) et de l'espace Schengen, l'Islande a intégré depuis plusieurs années dans sa législation la libre circulation des personnes et des biens, ainsi qu'une partie importante de l'acquis communautaire.
Longtemps hésitante sur son entrée dans l'Union, l'Islande avait finalement déposé en juillet 2009 un demande d'adhésion à l'issue d'une période électorale dans laquelle plusieurs partis avaient mis en avant l'adoption de l'euro comme un facteur de stabilisation du système financier, mais l'opinion publique reste aujourd'hui très divisée.
Le gouvernement, qui espère des négociations courtes pour entrer dans l'UE dès 2012, devrait rapidement faire passer des réformes majeures pour s'aligner sur les règles européennes.
Les quotas de pêche, la politique agricole, le développement rural, la libre circulation des capitaux et la stabilité du système financier seront les principaux points à négocier selon un rapport préliminaire publié par la Commission européenne.
Par ailleurs, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, sans aller jusqu'à bloquer le processus d'adhésion, ont indiqué qu'ils ne renonceraient pas à percevoir l'indemnisation due par l'Islande à la suite de la faillite de la banque Icesave en 2008.
L'Islande devrait être, avec la Croatie, le dernier pays à rejoindre l'UE avant une pause de plusieurs années.
Au delà des réticences causées par la crise, les Vingt-Sept souhaitent s'habituer aux institutions créées par le traité de Lisbonne, entré en vigueur le 1er décembre dernier après de longues et intenses négociations.
Ils veulent aussi laisser le temps aux 12 pays qui ont rejoint le bloc en 2004 et 2007 - dont deux, la Slovénie et la Slovaquie, font déjà partie de la zone euro - d'aller plus loin dans l'intégration.
Vincent Chauvet, édité par Julien Toyer