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Société

L’illettrisme concerne 2,5 millions de personnes en France

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2,5 millions de personnes sont illettrées en France. Si le chiffre est en baisse, il reste inquiétant et concerne 7% des 18-65 ans. « J’angoissais, c’était affreux, ça m’a empoisonné la vie », témoigne sur RMC Bernard, un commerçant.

En France, 2,5 millions de personnes ne pourront techniquement pas lire cet article. Parce qu’ils ne savent pas lire, tout simplement. Selon une étude de l’Insee rendue publique ce mardi, l'illettrisme touche 7% des 18-65 ans dans le pays, soit une amélioration de deux points par rapport à la dernière enquête menée en 2004. Lors de la précédente étude, 12% des personnes interrogées étaient dans une situation préoccupante par rapport à l'écrit et 9% étaient illettrées, soit quelque 3 millions de personnes.
Si l'on inclut les étrangers n'ayant pas été scolarisés en France, ce sont au total 16% des personnes de 18 à 65 ans en France qui éprouvent des difficultés à lire et à écrire.

« Ça m’a empoisonné la vie »

L’illettrisme, c’est le quotidien de Bernard, commerçant retraité qui dit avoir été beaucoup pénalisé par son handicap. « J’ai fait partie de clubs, quand il fallait sortir ou lire devant tout le monde, j’angoissais, c’était affreux. J’ai eu ma femme qui m’a bien secondé, mais on m’a tendu la perche, des gens qui ne connaissaient pas mon parcours scolaire et voulaient me donner des responsabilités, j’ai toujours refusé. Je suis très complexé, ça m’a empoisonné la vie ».

« Des jeunes issus d’un système cruel et complaisant »

Comme Bernard, 2,5 millions de personnes partagent ce handicap. Alain Bentolila, professeur à la Sorbonne, linguiste et membre de l’Observatoire de lecture et de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, veut insister sur les stéréotypes qui peuvent parfois lui être associés. « Les taux d’illettrisme les plus forts sont dans les milieux ruraux et non pas dans les milieux urbains sensibles. Ce ne sont pas uniquement des jeunes français des quartiers. Ce sont des jeunes qui sont allés à l’école, ils y ont passé 14 ans et sortent sans avoir décroché le moindre CAP. Ils sont issus d’un système cruel et complaisant. Complaisant parce qu’il laisse passer sans vérifier si les élèves ont les compétences, et cruel parce qu’une fois qu’ils sont passés au-dessus, on ne fait rien pour les rattraper, ils sont massacrés ».

Mathias Chaillot avec Hugo Perrier