L'Etat va-t-il vous emprunter de l'argent ?

Les Français seront-ils prêts à confier leur épargne à l'Etat ? - -
L'Etat semble envisager un grand emprunt auprès des particuliers. Seriez-vous prêts à lui confier votre épargne ? Donnez-nous votre avis et vos arguments dans le forum ci-dessous !
Ni « politique de rigueur », ni « hausse des impôts ». Mais « un emprunt national ». C'est le volet économique du discours de Nicolas Sarkozy lundi 22 juin à Versailles, devant le Parlement réuni en Congrès. Un grand emprunt prévu pour l'automne prochain, pour financer les priorités qui seront définies par le gouvernement et les partenaires sociaux après un grand débat qui doit débuter le 1er juillet.
« Ça fait un peu mauvais élève »
Le président de la République fait une différence entre le « mauvais déficit » du fonctionnement de l'Etat, qu'il faut résorber, le « déficit de crise », lié à la conjoncture exceptionnelle, et le déficit d'investissement qui est un pari sur l'avenir. « Un argument pas recevable par Bruxelles [Union Européenne] et par nos amis Allemands, très à cheval sur ces questions de finances publiques », souligne l'économiste Nicolas Bouzou, directeur du cabinet Astérès : « ça fait même un peu mauvais élève, ajoute-t-il. Parce que tous les pays pourraient tenir ce langage et sur le plan financier, de toutes façons, le résultat est le même. Le Président de la République a raison : quand on s'endette pour investir, ce n'est pas la même chose que quand on s'endette pour consommer. Mais quelle que soit la cause du déficit, la réalité c'est que l'Etat va tous les jours sur les marchés financiers pour chercher de l'argent, pour s'endetter... »
« Aller chercher l'argent là où il est »
Nicolas Sarkozy envisage un « emprunt national », éventuellement auprès des particuliers. Nicolas Bouzou explique : « L'idée est de dire : on va aller chercher l'argent là où il est. Or, aujourd'hui on voit que les Français ont un taux d'épargne très important. C'est aussi le raisonnement de l'Etat, qui se dit : finalement, ce serait parfait si les Français eux-mêmes venaient financer l'Etat. » Et à la question de l'intérêt pour les Français, l'économiste répond : « On peut penser que la rémunération de cet emprunt serait relativement attractive. [ndlr, le dernier emprunt d'Etat il y a 16 ans, était rémunéré à 6 % alors qu'en ce moment, le Livret A rapporte 1,75 % d'intérêts.] Et le gouvernement compte également sur un effet patriotique, et dit : l'Etat c'est votre Etat, notre Etat à tous ; aujourd'hui, il est en difficulté, il a besoin d'argent, donc prêtez lui de l'argent. »
Reste à savoir si cet emprunt sera effectivement demandé aux Français... Mais, conclut un économiste, « si c'est pour emprunter de l'argent aux banques, je ne vois pas l'intérêt de l'annoncer dans un discours, c'est ce que l'Etat fait tous les jours... »
« Un pas de plus vers la dette »
La dette publique, c'est la bête noire de François Bayrou. Alors, lorsque le chef de l'Etat annonce un grand emprunt national, le leader du Modem bondit et dénonce « un pas de plus vers les déficits et la dette. On verra que quand on parle de déficits, il n'y a pas tant de différence entre les bons, les moyens et les mauvais ; au bout du compte, c'est toujours de la dette qu'il faudra qu'on paye. On en est à 140 milliards d'emprunts annuels. On va rajouter une centaine de milliards de plus ? On a l'impression qu'il n'y a plus de limite. »