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"Je veux déménager": la fronde des habitants de Beauvais contre l'extension de l'aéroport

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Trois associations ont déposé un recours devant la justice afin de faire annuler le contrat de concession de l'aéroport de Beauvais, qui prévoit une extension ainsi qu'une augmentation du trafic aérien.

Des voisins excédés et inquiets. Mardi 11 mars, trois associations ont annoncé avoir déposé un recours pour demander l'annulation du contrat de concession de l'aéroport de Beauvais-Tillé, attribué à Bellova en 2024, et ainsi freiner l'expansion du trafic aérien générant nuisances et gaz à effet de serre.

Les associations, Notre Affaire à Tous, Sauvez le Beauvaisis et Adera (Association de Défense de l'Environnement des Riverains de l'aéroport de Beauvais-Tillé), ont souligné, dans un communiqué, que ce recours a été déposé devant le tribunal administratif d'Amiens.

Limiter le trafic

Il faut dire que dans les rues de Beauvais, située à proximité directe de l'aéroport où sont implantées plusieurs compagnies à bas prix, le trafic aérien actuel cause déjà de nombreux désagréments.

"C’est un gros problème, la vie est vraiment pénible. C’est terrible, de toute façon moi je veux déménager", "ce que l’on souhaite, c’est limiter ce trafic, qu’il n’y ait pas d’extension", disent deux Beauvaisiens à BFMTV.

Une situation qui risque de s'aggraver, alors qu'un agrandissement est à l'étude. En octobre 2024, la concession de l'aéroport de Beauvais, en pleine croissance, a été accordée à Bellova, une société constituée notamment par Egis et Bouygues Construction, pour une durée de 30 ans.

Bellova annonçait alors vouloir investir 190 millions d'euros dans un projet de "modernisation" de l'aéroport, tablant sur une hausse du trafic. Le projet prévoyait, entre autres, 2.000 places de parking supplémentaires.

"Négocié dans la plus grande opacité, le contrat de concession table sur une très forte hausse du trafic aérien: de 3,9 millions de passagers en 2019, celui-ci devrait atteindre 7,2 millions de passagers en 2030 (+85%), avant de se hisser à 9,4 millions de passagers au terme de la concession (+141%)", écrivent les associations dans leur communiqué.

"On demande un plafonnement du trafic. L’avenir de l’aéroport n’est pas que dans la croissance. L’aéroport était très rentable ces dernières années", insiste pour sa part, toujours à BFMTV, Dominique Lazarski, présidente de l’association Adera.

Argument économique

Dénonçant "l'absence de réelle prise en compte de ces enjeux sanitaires et climatiques sur le territoire", les associations disent craindre notamment l'augmentation des émissions de particules ultra-fines et des nuisances sonores pour les riverains.

"Il est pertinent d'attaquer la concession car elle constitue une forme de planification sur les trente années à venir", a souligné auprès de l'AFP l'avocat des associations, Pierre Heddi, qui dit espérer que ce dossier fasse jurisprudence.

Pour sa part, la mairie pointe les bienfaits d'une telle modernisation. "C’est un élément important pour l’activité économique du territoire, et puis je n’oublie pas que beaucoup de nos concitoyens, même très peu fortunés, peuvent voyager à moindre prix", estime auprès de BFMTV Franck Pia, maire UDI de Beauvais.

D'après son site internet, "l'Aéroport Paris-Beauvais (...) a dépassé les 6 millions de passagers en 2024 et se positionne comme le 9e aéroport français".

En 2023, Beauvais avait franchi pour la première fois la barre des 5 millions de passagers, avec 5,64 millions de voyageurs, selon l'Union des aéroports français. Cette année-là, la plateforme, surtout utilisée par des compagnies low-cost comme Ryanair, avait vu son activité progresser de 41,6% par rapport 2019, dernière année avant l'épidémie de Covid-19, alors que la fréquentation moyenne des aéroports reculait sur la même période.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV