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"Je me suis senti démuni": la détresse d'un retraité ayant perdu sa femme malgré plusieurs appels au Samu

Michel Perez a contacté plusieurs fois le Samu 31 le 2 février dernier pour venir en aide à son épouse. (Photo d'illustration)

Michel Perez a contacté plusieurs fois le Samu 31 le 2 février dernier pour venir en aide à son épouse. (Photo d'illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Michel Perez a perdu sa femme le 2 février dernier. Malgré plusieurs appels au Samu, les pompiers n'ont pu que constater la mort de son épouse à leur arrivée au domicile du couple.

"J'aimerais qu'il y ait une prise de conscience sur le manque de moyens". C'est un homme endeuillé avec qui nos confrères de La Dépêche du Midi ont pu échanger. Ce mardi, Michel Perez, un retraité installé à Marquefave, en Haute-Garonne, est revenu dans les colonnes du quotidien sur les circonstances de la mort de son épouse, le 2 février dernier à leur domicile. Une mort qu'il attribue au délai d'intervention trop long des secours et au manque de ressources des services d'urgences.

Mauvais réseau et incompréhension

Ce 2 février, sa femme se sent mal au cours d'une visite que leur rend un couple d'amis. Ne voulant pas affoler son épouse, âgée de 71 ans, il sort pour téléphoner avec son portable, et compose le numéro du Samu. Mais il a dû mal à se faire comprendre par son interlocuteur.

"Le médecin régulateur me demandait de nombreuses précisions, il voulait que je passe le téléphone à ma femme pour pouvoir lui parler. Mais c'était impossible techniquement à cause du mauvais réseau et je voulais que ma femme reste tranquille. Le médécin n'a pas conclu qu'il s'agissait d'une urgence", déplore Michel Perez aujourd'hui.

Il veut alors joindre des médecins des environs. "Ils étaient occupés ou ne se déplaçaient pas", pointe-t-il, ajoutant:

"Je me suis senti démuni".

Les pompiers n'ont pas pu réanimer son épouse

Pendant ce temps, sa femme a perdu connaissance. Il compose à nouveau le 15. Ce nouvel appel au Samu déclenche enfin une intervention. Mais elle sera vaine.

"Cette fois, les pompiers sont venus. Mais c'était trop tard, ils n'ont pas pu la réanimer", indique en effet Michel Perez.

Le CHU toulousain a depuis cherché à entrer en contact avec lui. "J'ai reçu une lettre de la direction de l'hôpital me proposant une médiation. Mais je n'ai pas souhaité donner suite", pose-t-il.

"J'ai préféré adresser directement un courrier au directeur du SAMU, lui expliquant mon vécu et mon ressenti".

Une hausse des appels et trop peu d'ambulances

Un rendez-vous entre le veuf et la direction de l'antenne locale du Samu s'est d'ailleurs tenu la semaine dernière. Michel Perez décrit un entretien "sans animosité" et salue l'attitude du personnel qui l'a reçu: "Ils ont été très transparents, montrant de l'écoute et de l'empathie. Ils m'ont expliqué le manque d'ambulances le jour du décès de mon épouse, c'était flagrant".

"Je vais en rester là mais j'aimerais qu'il y ait une prise de conscience sur le manque de moyens", lance-t-il alors.

Il dénonce également le temps perdu lors de son coup de fil initial alors qu'à l'autre bout du 15 on insistait pour parler à sa femme: "La régulation ne doit pas se passer comme ça... Et je peux en témoigner car, il y a quatre ans, le Samu m'a sauvé d'une complication pulmonaire".

Contacté lui aussi par La Dépêche du Midi, le Samu de Haute-Garonne a mis en avant l'augmentation de 30% des appels ce 2 février, en pleine cinquième vague du Covid.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV