Amputé des bras, Thierry Corbolan veut faire le tour de la Corse à la nage

Thierry Corbalan sur une plage du centre ville d'Ajaccio, le 20 décembre 2010. - Stephan Agostini - AFP
"Ce n'est pas par ce que l'on a un handicap que l'on est handicapé". Par ces mots, Thierry Corbalan, 56 ans, policier retraité, sportif de haut niveau et amputé des bras après un accident, entend bien prouver que l'on peut relever tous les défis, valide ou pas. Alors, jeudi, il se jettera à l'eau à 19h15 sur la plage de Porticcio, près d'Ajaccio, pour un tour de Corse à la nage en une semaine, soit 500 km en relais avec deux équipiers.
Monopalme
Afin de compenser la perte de ses deux membres, amputés après avoir été électrocuté en 1988 quand sa canne à pêche a touché une ligne à haute tension de 25.000 volts sur la Côte d'Azur, l'ancien policier d'une brigade anti-criminalité nage avec une monopalme de 70 cm de long et 50 cm de large à la seule force des jambes et du torse. Avec cet équipement fabriqué en France par le spécialiste russe Oleg Pudov, qui équipe plusieurs champions du monde, Thierry Corbalan, qui s'entraîne plusieurs heures par jour, a déjà relevé de nombreux défis.
Cet ancien champion de judo, passé à la course à pied après son accident, s'est mis à la natation en 2009 effectuant la traversée aller-retour (32 km) des bouches de Bonifacio entre Corse et Sardaigne. Pour la création, en 2012, de son association "Le Dauphin corse" d'aide aux handicapés et aux malades, il relie le Cap corse à l'île italienne d'Elbe (60 km en moins de 16 heures). L'an dernier, il a traversé le lac Léman pour aider les victimes de la sclérose en plaque. Il a aussi été champion vétéran de France de nage avec palmes avec les valides en 2014.
En relais avec deux équipiers
Le projet du tour de Corse, il l'a monté avec un autre nageur, Jean-Luc Casini, pompier professionnel de 45 ans. Les deux compères se sont adjoints la complicité d'un troisième nageur, un journaliste de France 3 Corse, Stéphane Usciati, 45 ans. Casini et Usciati nageront en bi palmes et Corbalan pourra aussi en chausser sur certaines portions du parcours pour soulager son dos.
Assisté par Méteo-France et par les sapeurs pompiers de Corse-du-Sud, les nageurs doivent partir vers le Nord en longeant la côte occidentale. Mais, en fonction des ultimes prévisions jeudi, ils pourraient s'orienter au Sud. Le plan est de nager en relais par tranches de trois heures, suivies de six heures de repos. Chaque nageur est assisté d'un kayak qui le précède, trace la route, qu'il éclaire la nuit, et permet au nageur de boire et de s'alimenter.
Méduses et fatigue
La première crainte des nageurs, ajoute-t-il, "ce sont les méduses, même avec les combinaisons néoprène dont nous serons équipés". Le "vrai ennemi" sera toutefois "la fatigue, car nous partons un peu dans l'inconnu", notamment en termes de capacité de récupération, en prévoyant de nager aussi longtemps pendant une semaine, même en étant bien entraînés, souligne l'ancien policier. Les phases de repos se dérouleront à bord d'un catamaran à bord duquel ils prendront des repas complets, dormiront et recevront les soins d'une masseuse et d'un kinésithérapeute.
Parrainée par l'ancien footballeur international professionnel corse Pascal Olmeta, venu en voisin et fondateur de l'association "Un sourire, un espoir pour la vie" d'aide aux enfants malades, la course est organisée au profit du Dauphin corse et de l'Oeuvre des pupilles orphelins et fonds d'entraide des sapeurs pompiers de France.