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Incendies en Gironde: deux ans et demi après, le feu qui couvait dans le sous-sol est enfin maîtrisé

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Après les incendies dévastateurs de l'été 2022, du lignite présent sous terre continuait de se consumer. Pour en venir à bout, les spécialistes ont dû extraire du sol les matériaux en combustion, les étaler et les arroser pour les faire baisser en température.

Les litres d'eau déversés par les pompiers et les précipitations naturelles de trois hivers, parfois très arrosés, n'avaient pas suffi à en venir à bout. Alors que le sol de la forêt d'Hostens brûlait toujours depuis deux ans et demi, la combustion a enfin cessé, annonce ce mercredi 19 mars le journal Sud-Ouest. Une information confirmée par le conseil départemental de Gironde à France Inter.

À l'été 2022, l'incendie de Landiras avait ravagé plus de 20.000 hectares de végétation, alors qu'un autre feu d'ampleur faisait rage non loin, à La Teste-de-Buch. Si l'incendie avait été officiellement éteint le 28 septembre 2022, une partie du sous-sol continuait de brûler, entraînant des risques pour l'homme et pour l'environnement.

Jusqu'à 600°C sous le sol

Le responsable de cette situation: le lignite présent sous la terre. Il s'agit d'une roche sédimentaire, intermédiaire entre la tourbe et la houille, qui est un charbon naturel et donc un combustible. Ce lignite avait été exploité jusqu'à il y a une soixantaine d'années.

Ce type de combustion avait d'ailleurs fait reprendre l'incendie de Landiras en août 2022, après une première extinction un mois auparavant, rappelle Libération.

Comme le rappelle Sud-Ouest, trois points chauds étaient encore actifs à Hostens. À l'automne dernier, deux se sont résorbés naturellement car il n'y avait plus rien à brûler. Seul celui de la zone dite du Petit Bernadas continuait de se consumer.

De la fumée s'échappait toujours du sol, environ tous les dix mètres, avec des températures "entre 150 et 200°C en surface", selon Sébastien Fourcade, chef du bureau de l’aménagement et de la gestion des espaces naturels sensibles en Gironde, auprès de Sud-Ouest. Cela signifie que plus profondément dans le sol, le mercure pouvait être encore bien plus élevé, jusqu'à 600°C, selon France Inter.

Les matériaux en combustion extraits du sol

Les autorités compétentes dont le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) ont lancé de grands travaux d'études pour comprendre comment ce feu pouvait encore persister deux ans et demi après l'incendie et surtout comment enfin l'éteindre. Le cas était assez inédit.

"D'abord, sur les zones chaudes, les matériaux en combustion ou chauds en profondeur ont été extraits –il a parfois été nécessaire de creuser jusqu'à cinq mètres– puis étalés sur une plateforme étanche faite d’argile, avant d’être aspergés d’eau par les équipes du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis). La zone traitée a ensuite été recouverte d’argile", explique Sébastien Fourcade à Sud-Ouest.

En outre, des bandes latérales remplies d'argile ont aussi été installées aux limites de cette zone de lignite pour créer "une barrière de protection supplémentaire".

Ce vaste plan de bataille a donc fonctionné et la situation sur place est désormais maîtrisée. Toutefois, les spécialistes restent prudents et vigilants et vont continuer de surveiller la zone.

La combustion de ce lignite dans le sous-sol constituait jusqu'ici des risques pour l'homme, raison de l'effondrement de poches de cendres, et pour l'environnement, avec un danger de reprise de feux à plus grande échelle dans la forêt. Les organismes de gestion avaient d'ailleurs été contraints parfois de couper la végétation qui reprenait pour éviter ce risque.

La nature en cours de régénération

La fin de ce feu qui couvait marque une nouvelle page pour cet espace naturel en pleine régénération. Comme l'indique le département de la Gironde sur ses réseaux sociaux, le Domaine d'Hostens et les lagunes du Gât Mort sont désormais officiellement reconnus comme réserve biologique.

"La majeure partie des 481 hectares de la réserve seront gérés par l'Homme pour restaurer et protéger les espèces remarquables qui y sont abritées, et 48 hectares seront sanctuarisés", explique le département.

Des inventaires biologiques de la faune et de la flore des espaces touchés par les incendies ont commencé et ainsi vont se poursuivre jusqu'en 2027. "Certaines espèces sont de retour, d’autres (comme des reptiles) ont disparu, et de nouvelles espèces ont été observées", poursuit le département de la Gironde.

L'objectif est donc désormais de préserver la biodiversité, d'adapter le massif au changement climatique et de réduire les risques face aux phénomènes extrêmes comme les incendies.

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Salomé Robles