Immigration: le titre de séjour pluriannuel définitivement adopté

L'Assemblée nationale, le 5 février 2016. - Lionel Bonaventure - AFP
Le Parlement a adopté définitivement jeudi soir le projet de loi sur le "droit des étrangers", vivement contesté par la droite et qui instaure notamment un titre de séjour pluriannuel pour éviter aux immigrés en règle des passages répétés à la préfecture. Le texte a été approuvé lors d'un ultime vote à l'Assemblée par les socialistes et radicaux de gauche, la droite votant contre alors que le Front de gauche s'abstenait.
"Le premier objectif de ce texte est de mieux accueillir les étrangers qui viennent légalement sur notre sol", a plaidé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
Un titre de séjour de 2 à 4 ans
La mesure-phare est en effet la création d'un nouveau titre de séjour de deux à quatre ans (qui serait délivré après un premier titre d'un an) pour éviter "aux personnes concernées des allers-retours inutiles et pénalisants en préfecture", selon le ministre. Le texte crée aussi le titre "passeport-talents", de quatre ans, qui remplacera la multitude de titres existants pour les étrangers qualifiés ou ayant une compétence particulière (artistes, scientifiques, sportifs...).
La version finale est à 95% celle adoptée par les députés en première lecture dès juillet. Le Sénat, à majorité de droite, et l'Assemblée avaient en effet échoué en novembre à trouver une version de compromis sur ce projet de loi que le Sénat avait symboliquement rebaptisé "maîtrise de l'immigration". "Le parcours législatif a mis en évidence une approche très différente entre les deux chambres sur l'accueil et le séjour des étrangers", a résumé le rapporteur Erwann Binet (PS) en rappelant que le Sénat voulait imposer des quotas triennaux d'immigrés ou restreindre la délivrance d'une carte de séjour temporaire aux étrangers malades.
Réforme de la rétention
Le texte réforme également le droit pour les étrangers placés en centre de rétention avant leur reconduite à la frontière. Il établit l'intervention du juge des libertés et de la détention au bout de 48 heures, au lieu de cinq jours comme depuis 2011.
Cette disposition était une revendication des associations, selon lesquelles la moitié des étrangers sont expulsés dans les premiers jours de rétention sans contrôle du juge sur leur interpellation. Le texte donne d'ailleurs priorité à l'assignation à résidence sur la rétention, sauf en cas de risque de fuite.