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Il a passé les 2/3 de sa vie en prison et attend sa libération conditionnelle

M. El Shennawy, présenté comme le plus ancien détenu de France avec les deux tiers de sa vie passé en prison, a bénéficié au printemps d'une grâce présidentielle partielle.

M. El Shennawy, présenté comme le plus ancien détenu de France avec les deux tiers de sa vie passé en prison, a bénéficié au printemps d'une grâce présidentielle partielle. - -

A 59 ans, Philippe El Shennawy a déjà passé 38 ans derrière les barreaux. Une grâce partielle du président Hollande pourrait lui permettre d’en sortir, avec placement sous surveillance électronique probatoire. La justice se prononcera mercredi.

Philippe El Shennawy, à l'aube de ses 60 ans, a déjà passé 38 ans en prison. Le tribunal d'application des peines de Créteil qui a examiné ce jeudi sa demande de libération conditionnelle, rendra sa décision mercredi 22 janvier, a-t-on appris auprès d'un des avocats du détenu.
Une audience s'est déroulée jeudi matin à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), où est incarcéré Philippe El Shennawy, condamné à de multiples reprises pour braquages et évasions, et dont la peine court jusqu'en 2032.
L'audience a été renvoyée en continuation lundi à 16 heures pour permettre au détenu de produire un contrat de travail et le délibéré sera connu mercredi, a précisé Maud Marian, l'un de ses conseils.
M. El Shennawy, présenté comme le plus ancien détenu de France avec les deux tiers de sa vie passé en prison, a bénéficié au printemps d'une grâce présidentielle partielle.
Ses défenseurs demandent sa libération conditionnelle avec placement sous surveillance électronique probatoire, c'est-à-dire avec le port d'un bracelet électronique, pour une durée fixée par la justice, généralement comprise entre un et trois ans.
A l'issue d'une première audience le 17 octobre, le parquet avait requis un ajournement de la procédure dans l'attente de l'avis de la Commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté (CPMS), qui a été rendu depuis.
Cette instance, chargée de se positionner sur la dangerosité et le risque de récidive des détenus, a émis un avis défavorable, arguant que Philippe El Shennawy était "paranoïaque" et "dangereux". Toutefois, le parquet s'est tout de même positionné en faveur de la libération conditionnelle.

Plusieurs vols à main armée

Le parcours judiciaire de Philippe El Shennawy démarre en 1977, lorsqu'il est condamné à la prison à perpétuité pour le braquage d'une banque avenue de Breteuil à Paris, avec prise d'otages. Cette attaque, à laquelle il a toujours nié avoir participé, n'avait fait ni morts, ni blessés.
Libéré sous condition en 1990, il est réincarcéré pour violation d'une interdiction de séjour à Paris, où il s'était rendu pour voir son fils.
Il s'évade à deux reprises, à l'occasion d'une permission en 1997, puis lors d'un séjour en unité pour malades difficiles en 2004, avant d'être repris dans les deux cas. Au cours de ses quelques mois de cavale, il commet plusieurs vols à main armée.
C'est la grâce présidentielle partielle accordée en mars par François Hollande qui a ouvert la voie à son éventuelle libération conditionnelle. Lors de son recours en grâce, M. El Shennawy avait reçu le soutien de dizaines de personnalités.

Ce qu'il pourrait découvrir en sortant

Si sa libération conditionnelle était décidée, Philippe El Shennawy entrerait dans un monde parallèle, comparé à celui qu'il a quitté en 1975, date de sa première incarcération. Depuis, il n'a connu que quelques mois en liberté entre permissions, évasion et liberté conditionnelle avortée. Quand il a entamé sa vie sous les verrous, la France payait en francs, l'Europe était coupée en deux par le rideau de fer et le monde était toujours suspendu à une guerre nucléaire. Et pour se joindre, on faisait glisser sept chiffres sur le cadran de son téléphone fixe. Une réalité qui, en 2014, semble désormais bien loin.

La rédaction