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Société

Hauts-de-Seine : deux agressions relancent le débat sur la semi-liberté

Le régime des semi-libertés concerne 3% des prisonniers.

Le régime des semi-libertés concerne 3% des prisonniers. - -

Un homme, déjà condamné pour violence sexuelle, a commis deux nouvelles agressions alors qu’il profitait d’un régime de semi-liberté. La famille de l’une de ses victimes porte plainte contre la justice.

Les deux agressions ont eu lieu à quelques dizaines de minutes d’intervalle. Mercredi dernier, un homme, déjà condamné pour agression sexuelle, a profité de son régime de semi-liberté pour s'en prendre à deux femmes à Colombes, dans les Hauts-de-Seine.
La première victime, âgée de 32 ans, était toujours dans le coma mardi soir, même si son pronostic vital n'est plus engagé selon le parquet de Nanterre. La mère de cette jeune femme affirme qu'elle va porter plainte contre la justice pour « mise en danger de la vie d'autrui » et pointe les nombreux dysfonctionnements qui ont mené à ces agressions, notamment le fait que cet homme ne devait pas être dehors ce soir-là. La seconde victime est âgée d'une vingtaine d'années, elle a été violée sous la menace d'un couteau et l'homme lui a volé son sac.

Bien connu de la justice

L'homme de 26 ans était en semi-liberté depuis le mois de mai. Il s'agissait d'un aménagement de peine après avoir fait plusieurs mois de prison pour conduite en état d'ivresse et sans permis. Depuis, il était totalement libre de ses mouvements le jour, et incarcéré la nuit. Il était d’ailleurs bien connu de la justice pour des faits de violences et de vol et avait déjà purgé une peine de prison après avoir commis une agression sexuelle en 2009. En garde à vue depuis lundi et son arrestation à son domicile, il pourrait être déféré ce mercredi matin.

« On ne peut pas placer un agent derrière chaque personne »

Olivier Caquineau, secrétaire général du syndicat pénitentiaire SNEPAP-FSU, qui s'occupe en majorité des services d'insertion et de probation, ne veut pas tomber dans l’émotion et défend malgré tout le principe de semi-liberté, censé aider le détenu à sa réinsertion avant sa remise en liberté.
« Ça ne doit pas remettre en cause complètement le système de semi-liberté, qui est une bonne chose, et qui permet de maintenir un cadre sur la personne condamnée tout en lui permettant d’avoir accès à l’extérieur, de chercher un emploi. Il y a une limite sur le fait qu’on ne peut pas tout prévoir, mais ce monsieur en semi-liberté, ce n’est pas un cadeau qu’on lui fait. Il rend des comptes, il a des horaires à respecter, des obligations auxquelles il est soumis. A partir de là, on ne peut pas placer un agent derrière chaque personne, on fait comme on peut ».

|||La mesure de semi-liberté ne concerne qu'une minorité de peines (moins de 3% des personnes écrouées), elle est accordée au cas par cas et réservée à un profil bien précis : les personnes condamnées à moins de deux ans de prison ou les détenus qui n'ont plus que deux ans à purger. Elle figure aujourd'hui dans les mesures préconisées par la ministre de la Justice Christiane Taubira pour lutter contre la récidive.

M. Chaillot avec Jean-Baptiste Durand