Haute couture: armani, luxe et simplicité, et vice-versa

L'un des 43 modèles de la collection Armani Privé automne-hiver 2010-2011 présentée à Paris. Une luxueuse simplicité dans des couleurs sourdes - beige, camel, grège, tabac, gris-mauve, abricot light./Photo prise le 6 juillet 2010/REUTERS/Gonzalo Fuentes - -
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - La luxueuse simplicité de la collection Armani Privé a lancé en douceur mardi la deuxième journée de présentation des défiles de haute couture automne-hiver 2010-2011, qui verra aussi s'exprimer la maison Chanel.
Place Vendôme, l'ambiance était au chic italien et nombre de clientes, une coupe de champagne à la main, avaient choisi des tenues très "soir" pour assister à un défilé programmé à 11h00 du matin.
Dans les 43 modèles présentés sur une musique alanguie, des couleurs sourdes - beige, camel, grège, tabac, gris-mauve, abricot light.
Le jour, la femme Armani porte des tailleurs de cachemire sur lequel elle jette un manteau léger. Ses vestes et ses robes drapées sont fermées par une grosse broche-bijou.
Des accessoires - maxi-sacs, ceintures, minaudières -, dont la vente constitue le socle commercial d'une maison de couture, accompagnent les modèles.
Anti bling-bling au possible, même le soir, la collection propose des robes sirènes à dos nu au scintillement délicat créé par des paillettes, des pampilles ou des cabochons apposés à la main par l'équipe de Giorgio Armani.
A 75 ans, le créateur italien éternellement bronzé et souriant reste au plus proche du processus de création de son empire, qui compte quelque 300 magasins dans le monde et une chaîne hôtelière.
ARCHITECTURE CHEZ LEFRANC-FERRANT
Beaucoup de simplicité et de technicité aussi dans la collection Lefranc-Ferrant présentée au palais de Tokyo sur le thème de l'architecture, cher au duo de créateurs français.
"On a un côté très graphique, on aime les grands architectes, les ouvrages d'art. Les haubans, les ponts nous ont inspirés. C'est ça qu'on a essayé de reproduire sur les robes en mousseline, sur les drapés", a expliqué à la presse Béatrice Ferrant.
Avec son complice Mario Lefranc, elle a taillé un trench dans un tissu toile Jouy décoré de motifs architecturaux, un ensemble dans du coton écaillé couleur béton, une ceinture en lanières de cuir façon hauban.
"Ils ont des coupes divines", s'extasie l'actrice française Emmanuelle Devos, venue par amitié car elle avoue "ne pas y connaître grand-chose en mode".
A la lisière entre le prêt-à-porter et la haute couture, la marque Lefranc-Ferrant, qui exporte 60% de ses créations, joue la carte de l'avant-garde.
"C'est un nouveau prêt-à-porter, qui n'a pas encore de nom, qui est couture pour les volumes, la coupe, la recherche, et qui sur les matières va être très créateur", explique Béatrice Ferrant.
Membre invité de la Chambre syndicale de la haute couture grâce au parrainage d'Alber Elbaz, le duo préfère défiler à cette époque-ci plutôt que pendant la semaine de prêt-à-porter.
"Il y a plus de temps, de visibilité, et autre chose dans l'air du temps. Il y a plus d'émotion, une plus grande écoute à l'élégance", estime Béatrice Ferrant.
Edité par Gilles Trequesser