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Harcèlement sexuel et racisme lors d'un stage du SNU: un signalement fait à la justice

Des jeunes participent à une session du Service national universel (SNU), le 24 juin 2019, sur la base de Luxeuil-Saint Sauveur (Haute-Saône).

Des jeunes participent à une session du Service national universel (SNU), le 24 juin 2019, sur la base de Luxeuil-Saint Sauveur (Haute-Saône). - SEBASTIEN BOZON / AFP

Un signalement a été fait auprès du procureur de la République après la révélation dans la presse de faits de harcèlement sexuel et de racisme lors d'un séjour du service national universel (SNU).

Mauvaise passe pour le SNU. Alors qu'un rapport du Sénat mettant en exergue les limites du Service national universel vient d'être rendu, le dispositif est au cœur de révélations de presse. En cause, des faits de harcèlement sexuel et de racisme de la part de deux encadrants lors de deux stages de cohésion dans les Hauts-de-Seine à l'été 2022.

Pour l'entourage de la secrétaire d'État en charge de la jeunesse et du SNU, Sarah El Haïri, joint par BFMTV.com, les faits dénoncés dans un article de l'hebdomadaire Politis sont "graves". Un signalement a été fait auprès du procureur de la République. Prenant connaissance de ces agissements via la presse, la secrétaire d'État a également saisi l'Inspection générale de l'Éducation (IGE).

Les faits exposés étaient jusqu'alors restés à l'échelon départemental. Un rapport d'incidents a été transmis, selon Politis, au Service départemental à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES) évoquant des faits de harcèlement sexuel, propos racistes, humiliations et gestes déplacés qui auraient été commis par un commandant, et un lieutenant-colonel qui aurait eu une attitude jugée "inappropriée", sur des tuteurs et des volontaires.

"Si vous voulez passer..."

Selon le rapport d'incidents, le commandant aurait notamment dit "en s'adressant à des volontaires, mineures, qui se plaignent de ne pas avoir de toilettes dans leur chambre : 'les filles, j'ai des toilettes dans ma chambre, si vous voulez passer, vous êtes bientôt majeures'".

À un autre moment, il est précisé qu'"une tutrice s'est penchée afin de ramasser un stylo par terre, à ce moment-là, ce commandant lui a mis un coup de ventre au niveau du postérieur en disant 'fais gaffe à pas te baisser comme ça tu pourrais te prendre des coups'".

Le commandant appelait par ailleurs "les encadrantes de couleur noire 'la cousine' et disait qu'elles étaient toutes cousines entres elles puisqu'elles sont noires" et "s'agissant des autres encadrantes (de peau blanche) il s'adressait à elles en disant 'la princesse'", est-il indiqué.

Concernant le lieutenant-colonel, le rapport relate des incidents dont une "punition collective sportive sur la piste d'athlétisme" en pleine nuit, au cours de laquelle un jeune se serait retrouvé "allongé au sol totalement inconscient".

Vers une généralisation du SNU?

L'inspection lancée et le signalement réalisé auprès de la justice visent notamment à vérifier la véracité des faits. Les deux gradés ne sont plus en service actif au sein de l'armée de terre. Au terme de la mission donnée à l'IGE, des mesures et des sanctions pourraient être prises.

"Ce n'est décidément pas à l'armée de prendre en charge l'éducation des jeunes", a réagi dans un tweet le syndicat L'Union étudiante. La structure dénonce en effet la volonté de la secrétaire d'État en charge de la jeunesse et du SNU de généraliser le dispositif lancé en 2019 auprès de jeunes volontaires de 15 à 17 ans, avec pour objectif de le rendre obligatoire pour toute une classe d'âge.

https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier avec AFP Journaliste police-justice BFMTV