BFMTV
Société

Handicap, poids, style : 40% des demandeurs d’emploi victimes de discrimination à l’embauche

-

- - -

Près de 4 demandeurs d’emploi sur 10 estiment avoir été victimes de discriminations à l’embauche, dénonce un rapport rendu public ce lundi. Le critère le plus courant est l’apparence physique, dans 20% des cas.

Trop gros, trop maigre, trop tatoué, mal habillé... Près de 4 demandeurs d'emploi sur 10 affirment avoir déjà été victimes de discrimination à l'embauche, selon une enquête Ifop pour le Défenseur des droits qui parait ce lundi.
Parmi les critères de discrimination, 20% des demandeurs d'emploi estiment que le plus courant est l'apparence physique (obésité, vêtements, etc.), le fait d'être chômeur, le sexe ou les origines (couleur de peau, nationalité, accent, etc.). Viennent ensuite le handicap, l'âge avancé, le lieu d'habitation. L'orientation sexuelle, les opinions politiques ou syndicales sont très peu citées. Les habitants des zones rurales ou de ZUS témoignent aussi beaucoup plus souvent d'une discrimination sur CV.

« Je n'ai plus envie de me battre »

« Je suis allée faire un entretien d’embauche, sans dire que j’étais sourde », raconte Jennyfer, diplômée en infographie. A 28 ans, elle est sans emploi depuis deux ans et, bien que sourde, lit très bien sur les lèvres. « Je n’avais pas mon appareil, j’ai joué le jeu. Ils voulaient me prendre. A la fin, je leur ai dit que j’avais la reconnaissance travailleur handicapé, que j’étais sourde. Ils m’ont répondu : "ah non, ça ne nous intéresse plus". Je sais, il y a la loi, mais je n’ai plus envie de me battre ».

« Il fallait dégager la boucle d'oreille, les cheveux longs »

Jean-Pascal, formateur dans une école de décoration à Paris, a aussi vécu un cas de discrimination à l’embauche. Pas de handicap dans son cas, mais un style. A 48 ans, il affiche fièrement un look de biker: blouson en cuir, boucle d'oreille et coupe de cheveux punk. « Si je rentrais, il fallait dégager la boucle d’oreille, les cheveux longs, les bagues, ça ne passait pas. On m’a dit d’aller ailleurs, peut-être qu’on ne me demandera pas de me couper les cheveux. J’avais des échantillons de choses à montrer, il n’a pas voulu les voir ». Mais Jean-Pascal n’a pas cédé. « J’ai réfléchi des journées entières, je me suis demandé si ça valait le coup. Et je me suis dit : non, je n’ai pas été tout ce que j’ai été jusqu’à maintenant pour me retrouver face à un petit gars qui m’explique que les gens vont se passer de mes qualités parce que j’ai les cheveux longs ».

M. Chaillot avec Maud de Carpentier