Grigny parmi les villes les plus pauvres d'Ile-de-France: "On n’est pas des oubliés, on n’existe pas"

Dans son rapport annuel publié début février, la Cour des comptes s'est penchée sur les communes les plus défavorisées d'Ile-de-France. Aux côtés de communes comme Aubervilliers, Bobigny ou encore Clichy-sous-Bois, Grigny, dans l'Essonne, fait partie des communes les plus fragiles.
Son quartier de Grigny 2 est même "le plus déshérité d'Ile-de-France", selon la Cour des Comptes. Alors que la médiane du revenu disponible est de 22.639 euros en Ile-de-France, le chiffre tombe à 8.892 euros dans le quartier de Grigny 2.
"On n'est pas des oubliés, on n'existe pas"
Habitante de la commune, Asma témoigne des difficultés à boucler les fins de mois et fait le calcul.
"Mon mari gagne le SMIC, il est à 1.100 euros et quelques et on reçoit les allocations familiales, on est à 1.000 euros plus ou moins. On jongle avec ça, entre les factures à payer, le plaisir des enfants, leurs activités pour ne pas qu'ils restent dans le quartier. Avec cinq enfants, c'est très difficile de finir les fins de mois. On n'est pas des oubliés, on n'existe pas", insiste cette mère de famille.
A Grigny, près de 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Selon la Cour des comptes, la faiblesse du niveau de revenu à Grigny s'explique notamment "par le nombre de familles monoparentales et un taux élevé de chômage". A Grigny, il oscille entre 20 et 25%. La commune souffre aussi des conséquences de l'urbanisme décidé à la fin des années 60 et qui a conduit à faire bondir sa population à l'époque.
"Grigny connaît ces difficultés par l'urbanisme autoritaire, unique en France, reconnu par tout le monde, c'est dit d'ailleurs par la Cour des comptes. Avec deux grands ensembles qui ont été imposés: la Grande Borne d'un côté et la copropriété de Grigny 2, qui à partir de ce moment-là, a fragilisé tout un écosystème", explique Philippe Rio, maire PCF de la ville.
Peu de "capacités de développement"
A ces difficultés, s'ajoute le manque d'attrait du territoire, bien que situé à une trentaine de kilomètres de Paris.
"Nous ne sommes pas comme ces villes de première couronne où il y a des poches de pauvreté comme Pantin ou même Nanterre, qui ont des capacités de développement, qui sont dans une dynamique métropolitaine", poursuit l'élu.
Face au manque d'emplois, certains comme Patrick tentent de devenir leur propre patron. Cet habitant de Grigny a lancé son entreprise de plats traiteurs, vendus dans le quartier. "Dans ce quartier, bien sûr qu'il n'y a pas de boulot. La seule manière c'est de se prendre en charge, créer une économie dans le quartier et faire travailler les nôtres", explique cet habitant.
Dans son rapport, la Cour des comptes plaide pour un "renforcement de la solidarité intercommunale" à l'échelle du Grand Paris.