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Société

Grand Paris Express : la facture déraille de 9 milliards d'euros

Plan du futur Grand Paris Express

Plan du futur Grand Paris Express - -

Le projet de supermétro Grand Paris Express devrait couter finalement 30 milliards d'euros, soit 9,5 de plus que prévu, selon un rapport publié jeudi. Le rapport préconise notamment de repousser la mise en service de la ligne desservant la banlieue nord. Colère et inquiétude des élus.

Le Grand Paris Express va-t-il voir le jour ? La facture du projet de supermétro automatique reliant les villes de banlieues autour de Paris explose, et devrait atteindre 30 milliards d’euros. C’est 9,5 de plus que ce qui avait été acté initialement dans l’accord Etat-région en janvier 2011, selon un rapport remis jeudi à la ministre de l’Egalité des territoires, Cécile Duflot. Lancé par l'ancien président Nicolas Sarkozy, le projet prévoit la construction de quatre lignes de métro en rocade autour de la capitale, d'une longueur totale de 200 km et comprenant 70 nouvelles gares, pour une mise en service en 2020, selon les prévisions initiales. Un projet présenté comme indispensable pour les 11,5 millions de franciliens, alors que les lignes existantes sont saturées.
Selon le haut-fonctionnaire Pascal Auzannet, qui a rédigé le rapport, ce surcout de près de 50% s’explique par l’absence d’évaluation de certains tronçons, et par la mauvaise appréciation ou la dérive de certains couts.

Une mise en service repoussée à 2040 ?

Cette nouvelle évaluation des coûts du projet conduit Pascal Auzannet, qui fut notamment un dirigeant de la RATP, à envisager plusieurs scénarios pour la réalisation des travaux. Première solution : une hausse importante des contributions de l’Etat et de collectivités, ce qui parait impossible en ces temps de crise. Autre solution, repousser la mise en service à 2040, ce qui parait inacceptable pour les usagers des transports et les élus, alors que le réseau existant est déjà saturé. Enfin, l’autre solution, qui parait la plus raisonnable selon le rapport, consisterait à repousser de cinq ans l’inauguration, soit en 2030, en coupant les travaux en tronçons. Sauf que ce troisième scénario obligerait à retarder voire supprimer la mise en service d’une ligne prévue pour desservir le nord et l’est de Paris. 

« Mentalité d'épicier »

Les élus des communes traversées par cette ligne menacée ont immédiatement exprimé leur « colère » et leurs « inquiétudes », jeudi. Cette ligne, dite ligne « rouge », doit en effet desservir des territoires en difficulté ou « oubliés » : du Bourget (Seine-Saint-Denis) au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) au nord, et jusqu’à Noisy-Champs à l'est.
« Nos inquiétudes sont très fortes », a résumé le maire PS d'Aulnay-sous-Bois Gérard Segura, dont la commune compte énormément sur sa nouvelle gare pour rebondir après la fermeture de l'usine PSA en 2014. « Comment attirer (aujourd'hui) un investisseur industriel à forte valeur ajoutée sur le site de PSA ? Ça n'est pas raisonnable (...) Il ne faut pas revenir sur ce qui a été acté », a-t-il insisté lors d'une conférence de presse avec d'autres maires concernés.
« On ne peut pas continuer à verser des larmes de crocodile sur l'égalité territoriale et ne pas maintenir ce projet », a jugé Olivier Klein, maire PS de Clichy-sous-Bois, tandis que le maire UMP de Montfermeil, Xavier Lemoine, a dit sa « colère »: « il faut rompre avec la mentalité d'épicier qui prévaut ces derniers temps. Qui a calculé ce que coûterait l'asphyxie de notre région ? ».

Philippe Gril avec agences