Gilets jaunes: Nantes et Lyon, épicentres de la 26e journée de mobilisation nationale

Rassemblement de gilets jaunes place Denfert-Rochereau à Paris, le 23 mars 2019 - FRANCOIS GUILLOT / AFP - FRANCOIS GUILLOT / AFP
Déclin ou sursaut? Après bientôt six mois de mobilisation, les gilets jaunes s'apprêtent à manifester pour la 26e fois ce samedi. Les points de ralliement "nationaux" cette fois-ci sont Lyon et Nantes, où les autorités redoutent la présence de casseurs.
Il y a une semaine, le ministère de l'Intérieur avait recensé moins de 19.000 manifestants - contre plus de 40.000 selon les organisateurs -, soit la plus faible participation depuis le 17 novembre. Des chiffres bien inférieurs à ceux du 1er mai ou de la mobilisation des fonctionnaires jeudi.
Essoufflement
Est-ce le signe d'un essoufflement dans les rangs? À Bordeaux par exemple, longtemps l'un des plus solides bastions des gilets jaunes, la mobilisation connaît depuis le début du printemps une lente décrue. Les cortèges y plafonnent désormais sous la barre des 1500 personnes. Certains manifestants confirment cette tendance, sans renoncer pour autant.
"Nous serons à la manif de samedi avec l'appel national, logiquement ceux du nord et de l'ouest (de la France) seront à Nantes et le sud à Lyon. Après comme habituellement la répression fait peur...", anticipe Kevin O., gilet jaune nantais habitué d'un rond point près de l'aéroport Nantes-Atlantique.
"On est un peu en attente"
"Y a une forme de lassitude et de crainte face aux violences policières et il y a aussi le côté économique: ça coûte cher de manifester à Paris ou dans d'autres villes. On constate le même essoufflement qu'en décembre mais ça peut repartir aussi sec", assure de son côté Thierry Boirivant, comptable de 44 ans et gilet jaune de la périphérie lyonnaise.
Pour Anaïs, auxiliaire de puériculture âgée de 26 ans et co-organisatrice de la manifestation de Douai, la mobilisation va "stagner" d'ici les élections européennes:
"On est un peu en attente", estime-t-elle, même si à titre personnel elle "ne va pas lâcher, pour le RIC, la hausse du pouvoir d'achat, la baisse des taxes pour les handicapés et retraités".
Sécurité inédite à Nantes
Des gilets jaunes de Besançon et Marseille notamment sont attendus à Lyon, où sera aussi présent l'une des figures du mouvement, Jérôme Rodrigues. La préfecture du Rhône a élargi le périmètre d'interdiction de la manifestation à quatre zones commerçantes.
Idem à Nantes, où le préfet de Loire-Atlantique Claude d'Harcourt anticipe "le rassemblement de 500 membres de l'ultra-gauche", en plus des 2000 manifestants attendus. "Nous aurons un niveau de forces de l'ordre inédit", a-t-il annoncé sans en préciser les effectifs.
"Je n'ai pas de restriction mentale concernant l'emploi de la force si nécessaire et évidemment la réalisation d'interpellations d'individus qui violent les lois de la République", a déclaré à ses côtés Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la Sécurité publique.
Pas d'accès aux Champs-Élysées
Des périmètres d'interdiction seront également en place à Lille, Dijon, Toulouse ou Orléans. À Montpellier, la tendance est à la reprise des ronds-points, avec deux mobilisations prévues en matinée avant la marche de l'après-midi.
À Paris, où la manifestation partira de Jussieu "en soutien aux enseignants" pour protester contre la loi Blanquer, l'accès aux Champs-Élysées est fermé dans un périmètre comprenant le palais présidentiel et l'Assemblée nationale, ainsi que le secteur de Notre-Dame.
Loiseau et Philippe ciblés à Strasbourg
À Strasbourg, le groupe "Gilets Jaunes Alsace" appelle à se rassembler devant le Palais des Congrès, où la tête de liste de La République en marche pour les élections européennes, Nathalie Loiseau, tient un meeting dans l'après-midi avec le Premier ministre Édouard Philippe.
Le texte de l'appel évoque un "contre-meeting" face au "parti de Macron, président des riches", qui "vient faire sa propagande".