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Société

Free bloque la pub, émoi sur Internet

Free compte quelque 5 millions d'abonnés en France.

Free compte quelque 5 millions d'abonnés en France. - -

L'opérateur français Free a modifié jeudi sa Freebox en désactivant les publicités sur les sites Internet, provoquant l'émoi des éditeurs de sites et l'intervention de la ministre de l'Economie numérique, qui souhaite que cette fonctionnalité soit une option, à activer volontairement.

Avec Free, la pub sur Internet, c'est fini. Une nouvelle fonctionnalité de la "Freebox Révolution" permet de bloquer les publicités sur certains sites web. Cette version "beta", en test donc, s'installe par défaut : il suffit de redémarrer la Freebox pour en disposer. Si l'opérateur installait durablement une version efficace, il priverait de revenus de nombreux sites Internet, notamment les gratuits, qui vivent des annonceurs.

« Le pouvoir extraordinaire des fournisseurs d'accès »

Pour le site spécialisé Numerama, cette initiative est un danger pour la démocratie. « Free montre le pouvoir extraordinaire des fournisseurs d'accès à Internet sur l'information, qui peuvent décider d'altérer le contenu d'un site Internet ».
Fleur Pellerin, ministre de l'Economie numérique, tout en se disant « peu fan de pub intrusive », a souhaité sur Twitter que cette fonctionnalité soit une option, à activer volontairement, plutôt qu'installée par défaut. Elle a fait savoir qu'elle recevrait lundi les responsables de Free et les représentants des autres acteurs concernés pour en discuter.

« Des dérives potentiellement très dangereuses »

Jérémy Zimmerman est porte-parole de la Quadrature du Net, un collectif de défense des libertés sur Internet. Il est choqué par cette initiative. Pour lui, c'est un danger pour la liberté sur Internet et pour la démocratie : « Ça devrait être un service optionnel, qui serait désactivé par défaut, en laissant à l’utilisateur la possibilité de l’activer s’il le souhaite. En l’état, il s’agit d’une violation grave du principe fondamental de la neutralité du net, dans lequel aucun opérateur ne doit dire ce que vous pouvez faire ou publier sur Internet. Et lorsqu’un acteur privé comme Free prend la décision de choisir ce à quoi vous allez ou pas accéder, on est dans des dérives potentiellement très dangereuses. Ce n’est pas tout à fait différent de ce que font certains régimes autoritaires lorsqu’ils censurent les communications Internet à des fins politiques ».

Une façon pour Free de faire pression sur Google

L'apparition de cette fonctionnalité est interprétée comme une façon pour Free, qui compte quelque 5 millions d'abonnés en France, de faire pression sur Google, auquel l'oppose un différend commercial. L'opérateur souhaite en effet que les fournisseurs de contenu comme Google contribuent au financement des infrastructures qu'ils utilisent. Les abonnés à Free auraient par ailleurs des problèmes d'accès à la plateforme de diffusion de vidéos YouTube (Google).

J.V. avec Guillaume Robelet et agences