FO fera cavalier seul ce mardi

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PARIS (Reuters) - Le syndicat Force ouvrière fait à nouveau cavalier seul sur les retraites en appelant mardi à une journée de grèves et à une manifestation parisienne, à la veille de la présentation du projet gouvernemental de réforme.
La confédération mise sur "quelques dizaines de milliers de manifestants" du secteur public et du privé, a précisé son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, aux journalistes.
Les six autres syndicats français, réunis au sein d'une intersyndicale, appellent de leur côté à une nouvelle journée de mobilisation le 24 juin. Ils espèrent faire mieux que lors des précédentes journées d'action en mars et en mai derniers.
"FO ne veut pas participer à un marché de dupes", déclare Jean-Claude Mailly lundi dans Le Parisien en justifiant sa position par les "divergences" au sein des autres syndicats.
Le "patron" de Force ouvrière vise en particulier la CFDT, qui s'est déclarée la semaine dernière favorable à l'augmentation de la durée de cotisation tout en affirmant son attachement à la retraite à 60 ans.
"Depuis le début on est en désaccord là-dessus avec la CFDT. C'est incompatible avec la défense de la retraite à 60 ans", insiste-t-il, soulignant que, dans les faits, l'allongement de la durée de cotisation revient à reporter l'âge de la retraite.
"En allongeant encore à 41, 42 ou 43 ans comme le souhaite François Fillon qui se soucie surtout des marchés, la retraite à 60 ans, ce sera un mirage", dit-il.
Jean-Claude Mailly dit se souvenir de la déclaration commune très ambiguë à ses yeux des syndicats lors de la réforme des retraites de 2003, conduite par François Fillon, alors ministre des Affaires sociales.
LE GOUVERNEMENT COMPTE SUR LES BLEUS
Après avoir rassemblé entre un et deux millions de manifestants début mai, le mouvement unitaire des syndicats contre ce projet s'était étiolé, d'autant que la CFE-CGC et la CFDT estimaient avoir obtenu des résultats lors de négociations.
Parallèlement, le dirigeant de FO estime que les manifestations à répétition de 2009 pour exiger des mesures sociales face à la crise "ont fini par épuiser les salariés."
Jean-Claude Mailly dit donc vouloir reposer les conditions d'une unité d'action et créer les conditions d'une montée en puissance de la mobilisation après les vacances d'été.
"Je ne me fais aucune illusion sur ce projet de loi. Il va falloir mener la bagarre à la rentrée et demander le retrait pur et simple du texte pour défendre la retraite à 60 ans", dit-il.
Selon lui, le gouvernement fait du "marketing politique" et son calendrier est calculé "sur les rendez-vous syndicaux, sportifs et sur les vacances des salariés."
"L'exécutif doit aussi espérer secrètement que les Bleus aillent le plus loin possible, pas par passion du foot, mais parce que cela va l'arranger politiquement", avance-t-il à propos de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud.
Mardi, Force ouvrière espère faire bonne figure dans la rue, à défaut de pouvoir peser seul sur la gouvernement.
Les manifestants défileront en fin de matinée à Paris de la place de la République à celle de la Nation sous la bannière de FO mais avec, également, ici ou là, des adhérents de la CFTC, de la CGT et des syndicats autonomes.
Outre le report de l'âge de la retraite à 60 ans et un allongement de la durée de cotisation, le syndicat entend se battre contre toute remise en cause du Code des pensions des fonctionnaires.
Bien représenté dans la fonction publique, FO mise sur une forte participation des policiers. Appellent également à la grève la Fédération générale autonome des fonctionnaires (FGAF), syndicat minoritaire, et le Snetaa (enseignants des lycées professionnels).
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse