Florange : tension autour de la rencontre entre syndicats et direction

Florange en Moselle - -
C'est une rencontre sous haute tension, à laquelle syndicats et direction d’ArcelorMittal se préparent. Les partenaires sociaux se réunissent jeudi après-midi en Comité Central d’Entreprise extraordinaire (CCE). La direction doit présenter aux représentants des salariés les détails des engagements que l’entreprise a pris auprès du gouvernement au sujet des hauts-fourneaux de Florange, en Moselle, dont le patron indien Lakshmi Mittal entendait céder une partie.
Or, mercredi, la CFDT a obtenu une copie d'un document interne au groupe sidérurgique démontrant que Florange est l’un des sites les plus rentables d’Europe du Nord.
Contrairement aux arguments développés par ArcelorMittal lors de l’annonce de la fermeture de la phase liquide de Florange, les courbes présentées sur ce graphique prouvent que le site mosellan est tout à fait compétitif. Les données comparent le prix de revient de la bobine d’acier fabriquée dans les cinq usines de la division Nord : Gand, Brême, Dunkerque, Liège et Florange. Le site lorrain se situe dans la moyenne : l'acier produit n'est ni le moins cher, ni le plus cher.
« Pourquoi est-ce Florange qui devrait être condamné ? »
Par conséquent, les salariés de Florange ont du mal à comprendre pourquoi leur site est visé par la fermeture plutôt qu’un autre ailleurs en Europe. Edouard Martin, délégué CFDT de Florange, attend avec impatience des explications claires de la part de sa direction : « Cela fait des années qu’on travaille ici. On connaît ce site, on connaît ses qualités, ses atouts. On sait qui sont nos clients. Ce sont des clients de prestige. Ce ne sont pas les syndicats qui le disent, c’est la direction générale elle-même qui confirme ce que nous savions depuis de nombreuses années. Désormais, on exige des explications claires, nettes et précises sur le véritable coût des uns et des autres et pourquoi est-ce Florange qui devrait être condamnée. Quelles sont les motivations qui ont amené le groupe à prendre ce genre de décision ? »
« La nationalisation, mais quel bond en arrière ! »
De son côté, le patron d’ArcelorMittal, Lakshmi Mittal, s’est exprimé jeudi matin dans les médias français, pour la première fois. Dans un entretien au Figaro, le milliardaire déplore l’idée de la nationalisation, la qualifiant de « bond en arrière » : « Si j'ai été surpris? Mais c'est le monde entier qui a été surpris. Si aujourd'hui, un pays comme la France, la cinquième économie du monde, parle de nationalisation, mais quel bond en arrière! Ce genre de menaces sont de nature à faire qu'un investisseur y réfléchira peut-être deux fois avant d'investir en France », confie le numéro 1 de l’acier qui souligne également la réticence de François Hollande pour une telle décision.
Lakshmi Mittal revient également sur les propos d'Arnaud Montebourg, qui avait dit « ne plus vouloir de Mittal en France ». Le Pdg d’ArcelorMittal se dit « très choqué, triste même. Jamais je n'aurais attendu de tels propos, aussi irrationnels, d'un ministre ! » Si le patron indien est ferme sur sa réponse au ministre du Redressement productif, il tente aussi de rassurer en expliquant qu’il « n'a d'ailleurs jamais eu le sentiment de ne pas "être bienvenu" lors des rencontres avec François Hollande ».