Files interminables, places qui se monnayent, l’exaspération devant la préfecture de Nanterre

Devant la préfecture de Nanterre, ils sont chaque jour des centaines à faire la queue pour faire renouveler leur titre de séjour, sans parvenir à entrer. Le ticket dans la file est même devenu un trafic, vendu au plus offrant pour multiplier ses chances d'arriver au guichet.

La file s'étire sur plusieurs centaines de mètres devant la préfecture de Nanterre. Chaque jour, cette scène se répète depuis plusieurs semaines aux abords du bâtiment. Hommes, femmes, enfants, personnes âgées, tous espèrent pouvoir entrer pour renouveler leurs papiers ou demander un titre de séjour pour la première fois. 

Les premiers dans la file parviennent à récupérer un ticket, synonyme de rendez-vous. Mais chaque jour, sur les 1.200 étrangers qui font la queue, seuls 700 sont reçus. Dans la file, la lassitude se fait sentir.

"En fait on n'aura même pas le temps de rentrer et ils vont nous dire de revenir demain. C'est ma quatrième tentative", raconte Thomas, demandeur d'un titre de séjour. 

Dormir sur place pour être premier dans la file

Ce mercredi, Rayan est le premier dans la file. Mais pour y parvenir, il est arrivé la veille et s'est relayé avec des membres de sa famille.

"Pour être sûrs d'être les premiers, on est resté depuis mardi midi et on attend aujourd'hui mercredi. Ma soeur a pris le relais, elle a fini à 18h jusqu'à 1h du matin. Après moi je suis revenu. On est obligés de faire ça", confie-t-il. 

Les portes ouvrent à 9 heures et se referment trois heures plus tard, lorsque le maximum journalier est atteint. Cette situation crée de la frustrations ainsi que des tensions, quand certains semblent passer devant les autres. "Il y a des bagarres, il y en a qui perdent patience. C'est devenu n'importe quoi. En plus, c'est l'un des départements les plus riches de France, c'est inadmissible", s'agace un homme. 

Des places dans la file vendues 250 euros

L'exaspération est d'autant plus grande que certains n'ont pas fait la queue. Alors que certains patientent depuis des heures et des heures, d'autres ont acheté leur place dans la file. Le ticket d'entrée est devenu l'objet d'un trafic pour certains.

"Il y a des personnes qui viennent tard dans la nuit pour pouvoir prendre les places et être dans les premiers le matin. Une fois qu'ils sont les premiers le matin, ils se déchargent de leur place en les vendant, c'est-à-dire qu'ils se permettent de les vendre aux plus offrants, ça peut aller jusqu'aux alentours de 200, 250 euros", explique Lazare. 

La préfecture a renforcé ses effectifs

La préfecture indique être consciente de ces difficultés et faire le maximum pour réduire l'attente avec des effectifs renforcés. Malgré tout l'affluence serait "assez classique" en cette période estivale.

"Enormément d'usagers viennent aux guichets de la préfecture pour demander le renouvellement d'un titre, notamment pour partir en vacances. L'affluence est peut-être un petit peu plus importante cette année, elle n'était pas forcément prévisible", explique Bertrand Ducros, directeur de l'immigration à la préfecture des Hauts-de-Seine. 

"Tous nos guichets aujourd'hui sont ouverts, donc matériellement on ne pourrait pas ouvrir encore plus de guichets pour accueillir les usagers", ajoute-t-il. 

Dehors, les derniers arrivés ne rentreront pas. Certains resteront dormir sur place pour espérer être reçus le lendemain.

C. B avec Barthélémy Bolo