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Société

Faute de place, 6.500 handicapés français ont quitté la France pour la Belgique

Faute de structures adaptées en France, de nombreux handicapés vont vivre en Belgique.

Faute de structures adaptées en France, de nombreux handicapés vont vivre en Belgique. - Kenzo Tribouillard - AFP

Une union d'associations de personnes handicapées mentales et leurs familles remettront mardi aux députés un "livre noir du handicap". L'objectif: mettre fin à l'exil forcé de "nos concitoyens en situation de handicap".

Ils sont autistes, polyhandicapés ou souffrent de maladies rares. Selon des chiffres obtenus par l'Unapei, plus de 6.500 enfants et adultes se sont "exilés" en Belgique faute de structures adaptées en France. Un "livre noir du handicap" qui sera remis mardi aux députés, appelle à mettre fin à cet exil.

"Nos concitoyens en situation de handicap, et notamment les plus sévèrement atteints, sont bannis de notre République, et aujourd'hui cela prend des proportions inacceptables", dénonce Christel Prado, présidente de l'Unapei, soulignant que le retard français remonte à "des décennies". 

Des établissements à la qualité très variable

Pour que ces 1.500 enfants et 5.000 adultes puissent grandir et vivre à proximité de leurs familles, cette union d'associations de personnes handicapées mentales et leurs familles demandent la création de places en France, alors que l'Assemblée commence à examiner le projet de budget 2016 de la Sécurité sociale.

Si certaines familles vivent à proximité de la Belgique, plus de 4.000 d'entre elles habitent loin de ces établissements d'accueil et leur qualité est très variable. Depuis un accord franco-wallon entré en vigueur en mars 2014, des inspecteurs français peuvent y effectuer des contrôles.

La semaine dernière, la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, Ségolène Neuville, a annoncé le déblocage de 15 millions d'euros supplémentaires en 2016 pour créer des places dans des établissements existants en France, et développer des services à domicile. Une annonce saluée par l'Unapei, mais à relativiser au regard des "250 millions d'euros" déboursés chaque année par l'Assurance maladie et les départements français pour financer la prise en charge en Belgique.

Taxer les cigarettes électroniques

L'Unapei demande que ces sommes soient redirigées vers le financement d'établissements en France, et propose en complément d'instaurer une taxe sur les cigarettes électroniques, qui pourrait selon elle rapporter 90 millions d'euros par an. Car les besoins sont énormes.

Outre les "6.500 personnes exilées en Belgique", la France compte "plus de 47.000 personnes" sans solution d'accueil, qui vivent au domicile de leurs parents ou dans des structures inadaptées, souligne Christel Prado.

Certaines familles ont pris la voie des tribunaux. La justice a ainsi reconnu cet été des "carences" de l'Etat et accordé jusqu'à 70.000 euros de dédommagements à sept familles soutenues par l'association Vaincre l'Autisme, dont deux qui avaient dû envoyer leurs enfants en Belgique.

Mais "ce ne sont pas des indemnités qu'on veut pour nos enfants, c'est une vie", insiste-t-on.

la rédaction avec AFP