Faut-il abattre le loup des Vosges ?

Ce loup, photographié le 8 juillet dernier par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, a égorgé 45 agneaux et brebis et un poulain, depuis avril. - -
Depuis 3 mois, un loup a égorgé 45 agneaux et brebis et un poulain. C'est le résultat de 18 attaques perpétrées la nuit dans la région de Leviers (Doubs). Il n'avait pas sévit depuis plus de 80 ans dans la région. La préfecture a promis qu'elle indemniserait les bergers victimes mais elle n'a donné aucune consigne sur un éventuel abattage.
Éradiqué en 1937, le loup a été réimplanté en France en 1992. Actuellement 180 loups vivent en liberté en France, principalement dans les Alpes mais aussi dans le Massif Central, les Pyrénées et le Cantal. Il y en a 2100 en Espagne et 800 en Italie.
Chaque année, l'Etat a un budget d'un million d'euros pour indemniser les bergers victimes. Il donne en moyenne 160 € par brebis tuée, soit le prix d'achat en boucherie. Au total, la gestion du loup (sécurité, prise en charge, recherches, surveillance) coûte 5,5 millions d'euros par an à l'Etat.
« Le loup n’est pas dangereux pour l’homme »
Sylvain Macchi, zootechnicien chargé des loups dans le Gévaudan (Lozère): « Non, le loup n’est pas dangereux pour l’homme. Les seuls cas où on a pu constater qu’il représentait une menace, c’était quand l’animal était malade de la rage. Il est souvent craintif par rapport à l’homme, parce qu’il est chassé par celui-ci ; il peut être curieux, mais il ne représente pas une menace pour nous. En fait, les proies qu’il convoite ne sont pratiquement que des quadrupèdes ; la position bipède ne fait pas partie de leur tableau de chasse. En France, il y a environ 180 loups en liberté, à peu près 2100 en Espagne et 800 en Italie ; et on ne fait jamais mention d’agression sur les populations présentes ».
« C’est invivable, je ne vois pas d’autre solution que de le tuer »
Thierry Maire est éleveur de mouton à la Chapelle d'Huin (Doubs). C'est lui qui a subi le plus d'attaques de ce loup : 7 depuis 3 mois. Il a perdu 17 moutons et 25 moutons sont blessés : « Je suis pour te tuer, parce qu’il n’y a pas d’autre solution et que c’est invivable. Déjà, en plus du travail normal, il faut faire des parcs de nuit pour rentrer les moutons dedans. C’est une charge de travail et en plus c’est du souci, des embêtements. Surtout que je ne peux même pas y aller avec un chien, parmi mes moutons stressés et apeurés, parce qu’ils ne comprennent pas la différence entre le chien et le loup. Je ne vois pas comment on peut faire autrement et je ne souhaite à personne de passer par là ».
"Il y a des choses a tenter avant de sortir le fusil et de tirer le loup"
Patrice Raydelet est membre de l'association environnementale Pôle Grands Prédateurs dans le Jura. Il est contre l'idée de tuer le loup des Vosges : « Je suis contre puisque tout n’a pas été mis en place pour assurer une protection réelle des troupeaux. Nous on l’a déjà fait avec le lynx dans le Jura. La mise en place en chiens de protection est très très efficace. Il faut d’avantage de chiens et puis un aide berger qui soit là. Et puis essayer de changer la conduite des troupeaux, de faire de groupements nocturne ou de rentrer les animaux la nuit. Il y a pas mal de choses à tenter, à mettre en place avant de se dire : "dès qu’il y a quelques choses qui dérangent on sort le fusil et on tire le loup" ».