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Société

Expulsions locatives: "On ne dort pas, on est toujours sur le qui-vive"

Manifestations contre les expulsions locatives, organisée par le Droit au Logement (DAL), mardi 1er avril, à Paris.

Manifestations contre les expulsions locatives, organisée par le Droit au Logement (DAL), mardi 1er avril, à Paris. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Les expulsions locatives ont officiellement repris depuis ce mardi 6h. Entre 40 et 50.000 personnes vont être expulsés de leur logement, selon la Fondation Abbé Pierre. Témoignage sur RMC de Lila, qui fait part de son angoisse et de sa honte.

C’est l’angoisse de milliers de familles. Depuis ce mardi matin, 6h, les huissiers peuvent à nouveau expulser les locataires qui ne paient plus leurs loyers. Cette année, la Fondation Abbé Pierre estime entre 40 à 50.000 le nombre de personnes qui seront expulsées de leur logement. C'est l'équivalent de la population de Chartres ou Nevers.
Depuis 10 ans, les décisions de justice pour impayés ont augmenté de 37 % pour s'établir à 115.000 en 2012. Dans le même temps, les expulsions par la force ont doublé : 12.000 familles ont ainsi été délogées par la police en 2012.

"C'est honteux pour moi"

Bien sûr, les personnes expulsées ne paient plus leurs loyers et mettent en difficulté certains propriétaires, mais derrière les chiffres, se cachent la plupart du temps des drames humains. RMC a recueilli le témoignage de Lila, maman de 5 enfants, qui vit dans le 19e arrondissement de Paris. Tout est allé très vite pour elle. Il y a 5 ans elle a perdu son travail et sa famille doit vivre avec le seul salaire de son mari, qui ne suffit pas pour nourrir 7 bouches et régler les 34.000 euros d'impayés de loyer. Dans le salon de Lila les cartons sont prêts, les valises sont bouclées. Elle sait qu’à tout moment, elle peut finir à la rue. "On ne dort pas, on est toujours sur le qui-vive, se désole-t-elle. Le licenciement aujourd'hui mènent à l'exclusion, au fait qu'on se retrouve dehors. C'est honteux pour moi, on est comme des pestiférés, on n'a plus le droit de vivre".

"Le licenciement aujourd'hui mène à l'exclusion"

Le plus dur pour cette maman, c’est l’idée qu’elle va entraîner ses enfants dans la rue. "Que voulez-vous répondre quand votre enfant vous dit «maman ça veut dire quoi se retrouver dehors. Ça veut dire qu'on va être comme ceux qui dorment dehors » ? Que c'est à cause de moi qu'on est à la rue, parce que j'ai perdu mon emploi ?", se désole-t-elle, en larmes. Cela fait 5 ans qu’elle a déposé une demande de logement social, en vain. Sans famille, sans amis, Lila et sa famille n'ont nulle part où aller.

Philippe Gril avec Juliette Droz