BFMTV
Société

En France, un pauvre sur trois est un enfant

Entre 2008 et 2010 la pauvreté a touché 350 000 enfants supplémentaires

Entre 2008 et 2010 la pauvreté a touché 350 000 enfants supplémentaires - -

Selon un rapport de Dominique Versini, défenseure des enfants et de l’ONG ATD Quart Monde, qui sera remis lundi au gouvernement, un enfant sur cinq en France est en situation de pauvreté. Entre 2008 et 2010 la pauvreté a touché 350 000 enfants supplémentaires. Un pauvre sur trois en France est un enfant.

Les chiffres font peur. En France, un enfant sur cinq est en situation de pauvreté. On compte actuellement plus de 2 600 000 enfants vivant aujourd'hui dans des familles dont les revenus les placent en dessous du seuil de pauvreté (moins de 964 euros par mois). Un rapport de l’ONG ATD Quart Monde et Dominique Versini, défenseure des enfants, doit être remis au gouvernement lundi à l’occasion de l’ouverture de la Conférence nationale de lutte contre la précarité.

« En sortant d’un trois pièces, ma fille a pleuré »

La pauvreté est malheureusement en augmentation en France, une situation que connaissent de plus en plus de famille comme en Seine-Saint-Denis où Penda, installé avec sa fille de 4 ans, Dafa, n’arrive pas à joindre les deux bouts malgré un contrat de femme de ménages en CDI. « Je gagne 880 euros, confie-t-elle. J’essaye de temps en temps de faire plaisir à ma fille : un McDonald's ou un petit manège. L’autre jour je l’ai amené chez une cousine qui a un trois pièces, quand elle est sortie, elle a pleuré ». Cette maman n’a pas non plus l’occasion quotidienne de donner une alimentation saine à sa fille. « Je fais des pâtes, des frites… je paye la cantine et je sais qu’elle y mange des légumes. Ça fait chaud au cœur ». Mais il y a certaines choses pour lesquelles Penda ne peut vraiment rien. La santé de sa fille par exemple. « Il y a son œil gauche qui ne voit pas bien. Aujourd’hui on était bloqué, demain on verra », explique-t-elle les yeux humides. Aujourd'hui ou demain, le propriétaire de l'appartement où elles ont trouvé refuge, a prévu de les déloger. Penda devra donc trouver un autre logement pour elle et sa fille. Une situation qui l’effraye. Les permanents de l’association Droit au Logement (DAL) sont tous les jours confrontés à des cas similaires. « Il y a énormément d’enfants dans des conditions de logements indignes ou dans la rue, confie ainsi Marie de l’association. Ça ne leur permet pas de se construire normalement ».

« La pauvreté rend le développement scolaire difficile »

Chez ADT Quart Monde, le constat de la pauvreté est sans appel. « Il y a effectivement des enfants qui sont dans la rue, c’est la pauvreté visible, explique Pierre-Yves Madignier, le président d'ATD Quart Monde qui rendra son rapport au gouvernement lundi. Il y a bien sûr tous les problèmes liés à la santé : trop d’enfants ne soignent pas leurs problèmes de dents, leurs problèmes d’yeux. Par conséquent un certain nombre d’enfants, quand ils arrivent à la maternelle, ont déjà des déficits qui rendent leur développement scolaire plus difficile ».

« Très peu d’enfants pauvres accèdent aux crèches »

« Nous avons fait des propositions pour que les jeunes mères, quand elles sortent de la maternité, ne puissent pas se retrouver à la rue, rapporte Pierre-Yves Madignier. Nous demandons également la mise en place d’un accueil pour les très jeunes enfants. Ça permet quelquefois à la mère de souffler, de rechercher un travail, à l’enfant de connaitre une socialisation. Très peu d’enfants pauvres accèdent aux crèches. La délinquance ce n’est pas le problème des enfants de trois ans. Ce que nous disons, c’est que justement pour ne pas créer une sorte de dette sociale avec des enfants qui ont du mal à l’école, il faut s’y attaquer dès la petite enfance. A partir de là, on peut sur un plan à cinq ans, commencer à s’attaquer aux bases de la pauvreté ».

T. de Dieuleveult avec T. Chupin