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"Une heure contre le harcèlement scolaire": les syndicats dénoncent "l'improvisation permanente" du gouvernement

Pap Ndiaye, le 16 mai 2023 à Paris

Pap Ndiaye, le 16 mai 2023 à Paris - EMMANUEL DUNAND / AFP

Pap Ndiaye a annoncé qu'une heure de sensibilisation sur le harcèlement aura lieu dans tous les collèges de France ce lundi. Une mesure que les syndicats critiquent, dénonçant une "précipitation politique" du ministre de l'Éducation nationale.

Une heure de sensibilisation au harcèlement à préparer en seulement 48 heures. Tous les collégiens de France devront suivre cette semaine une heure de sensibilisation sur "le harcèlement et les réseaux sociaux", a indiqué ce dimanche le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye.

Mais les syndicats de professeurs et de personnels de direction critiquent cette décision, qu'ils jugent prise à la va-vite. "Un sujet si grave mérite mieux que de la précipitation politique", écrit notamment le SNPDEN-Unsa, qui syndique les personnels de direction.

"Le temps de l'émotion est rarement de bon conseil"

"N'êtes-vous pas lassés de l'improvisation permanente?" demande sur Twitter la CGT-Éduc'action. "Une heure à la va-vite plutôt que des projets qui pourraient être pensés, construits, efficaces, orchestres par des personnels formés... Le temps de l'émotion est rarement de bon conseil", écrit le syndicat.

Même questionnement du côté du Snes-FSU. "Du jour au lendemain? Quelle efficacité?" interroge le syndicat, qui critique le "cycle infernal drame/réactions politiques/annonces, sans se soucier de la réalité du terrain."

"Le harcèlement tue. Il faut une vraie politique de prévention, des moyens, pas des opérations de communication!" demande le Snes-FSU.

Pap Ndiaye réunira mardi en visioconférence les 14.000 chefs d'établissement, ainsi que les inspecteurs de l'Éducation nationale (IEN) ou encore les recteurs, pour leur "rappeler l'ensemble des leviers à leur disposition" et "recueillir leurs remontées de terrain", a précisé le ministère dans un communiqué.

"Priorité absolue" de la rentrée 2023

L'annonce faite ce dimanche sur l'heure de sensibilisation sur "le harcèlement et réseaux sociaux" dans tous les collèges de France n'est pas la première du ministre de l'Éducation nationale sur ce sujet.

Reconnaissant que l'Éducation nationale avait "encore du chemin à faire" sur cette question, Pap Ndiaye avait promis le 6 juin des moyens supplémentaires pour lutter contre le harcèlement à l'école.

Un référent sur le harcèlement (infirmière, conseil principal d'éducation ou enseignant) doit notamment être nommé "dans chaque établissement" à la rentrée, avait-il annoncé.

Ces dernières semaines, plusieurs drames ont endeuillé le monde de l'Éducation nationale et ont ému tout le pays. En janvier, un enfant de 13 ans, Lucas, s'était suicidé, dans les Vosges. En mai, Lindsay, 13 ans elle aussi, a mis fin à ses jours. Mis sous pression par sa famille, le gouvernement a annoncé la semaine dernière que la lutte contre le harcèlement serait la "priorité absolue" de la rentrée 2023.

Ariel Guez