Suicide de Lindsay: le ministre Pap Ndiaye reconnaît un "échec collectif"

"Nous avons encore du chemin à parcourir." Invité ce jeudi soir sur BFMTV, le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye s'est exprimé sur le récent suicide de la jeune Lindsay, harcelée au collège dans le Pas-de-Calais, et les accusations de sa famille envers le corps enseignant.
"Il s'agit d'un échec collectif (...) Une tragédie pour ses proches, pour l'Éducation nationale et pour le pays", a reconnu le ministre sur notre antenne qui a annoncé suivre le dossier "personnellement".
Ce jeudi matin, la famille de l'adolescente et ses proches ont annoncé, lors d'une conférence de presse, avoir déposé plainte, notamment contre le rectorat et la direction du collège, qu'ils jugent en partie responsables du suicide de Lindsay le 12 mai dernier.
Le ministre pointe le cyberharcèlement
Dans une lettre lue par l'avocat de la famille, la jeune fille avait fait part de la poursuite du harcèlement scolaire, malgré le changement d'établissement de la principale adolescente à l'origine des menaces.
"Si vous lisez cette lettre c'est que je suis sûrement partie (...) je n'en pouvais plus des insultes matin et soir, des moqueries, des menaces (...) malgré tout ce qui s'est passé elles me voudront toujours du mal", y avait écrit la collégienne.
Pap Ndiaye a alors commenté: "En séparant les auteurs de violences des victimes, on ne résout pas. Le harcèlement a continué", pointant ainsi du doigt le cyberharcèlement.
3 mesures pour mieux lutter
Le ministre a ensuite détaillé les mesures qu'il allait prendre en réaction à ce nouveau drame, seulement quelques mois après le suicide de Lucas.
Dans un premier temps, Pap Ndiaye souhaite "renforcer les moyens", via des "sommes conséquentes", des deux numéros d'écoute "qui rencontrent un franc succès", le 3019 et le 3020.
"Deuxième chose, nous allons avancer dans la mise en œuvre de la loi Balanant", a-t-il mentionné, faisant référence à la loi contre le harcèlement de mars 2022 qui vise à mieux faire le lien entre l'école et les services du ministère.
Enfin, le ministre veut "mettre sous pression de manière plus accentuée les réseaux sociaux". "Les réseaux sociaux ont leur part de responsabilité. Leur réaction est trop lente", a-t-il ajouté.
L'avocat de la famille de Lindsay a d'ailleurs jugé le réseau social Facebook "complètement défaillant" en matière de modération des contenus et de lutte contre "les propos haineux" dénonçant la poursuite du harcèlement contre Lindsay, notamment sur Instagram.
C'est pourquoi une plainte a été déposée. "Je peux le comprendre", a confié Pap Ndiaye.
Invitation au ministère
Lors de la conférence de presse ce jeudi matin, la mère de Lindsay a également déploré le manque de soutien de l'Éducation nationale après la mort de sa fille. Sur notre plateau, Pap Ndiaye a admis avoir "d'abord utilisé Twitter" pour évoquer l'affaire, puis une prise de parole au Parlement.
À ce jour, il n'a toujours pas "réussi à entrer en contact téléphonique avec la mère de Lindsay" malgré plusieurs appels "ces derniers jours".
"Je souhaite inviter la mère au ministère pour évoquer la situation et dire mon émotion et ma détermination à agir face au harcèlement", a assuré le ministre.
3020: le numéro de téléphone à joindre en cas de harcèlement scolaire
Le "3020", "NON AU HARCÈLEMENT", est le numéro national à joindre pour les personnes victimes de harcèlement scolaire. La personne ou ses proches peuvent contacter ce numéro d'écoute et de prise en charge gratuit, accessible du lundi au vendredi, saufs jours fériés, de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h